L'Histoire d'un coeur : De battre mon coeur…
Scène

L’Histoire d’un coeur : De battre mon coeur…

Avec L’Histoire d’un coeur de Larry Tremblay, le Théâtre Incliné présente une pièce qui allie le théâtre d’ombres et la marionnette. Entretien avec José Babin, la metteure en scène.

Avec humour et avec poésie, un coeur, passager de différents corps, se raconte. Transplanté ou saisi, ce coeur, tant narrateur que spectateur de son parcours, démarre sa vie dans la charpente d’Henri, un musicien obnubilé par John Lennon et qui a du mal à se faire entendre de ses proches. Henri porte des lunettes rondes et est attiré par toutes sortes de substances, ainsi que par Lucy, qui accouche d’une Zoé dont il aura la charge. Devenu éboueur, Henri reprend tout de même l’écriture de chansons, jusqu’au jour où ses paroles, comme son coeur, prennent un chemin inattendu. "Pour nous, raconte José Babin, la forme ou la matière sont carrément génératrices de propos. Avec Larry Tremblay, pour cette deuxième collaboration, nous ne nous sommes pas donné de thème, seulement une marionnette, sans aucune autre contrainte que de s’en inspirer."

Avec pour première collaboration L’OEil de Rosinna, une pièce sans paroles, Larry Tremblay doit se sentir parfaitement en confiance pour s’abandonner dans des projets qui, au départ, exigent une grande disponibilité et une certaine humilité. "Comme nous faisons un théâtre d’images, le texte ne peut pas prendre toute la place. Larry a donc accepté, dès le départ, que nous puissions couper des pages entières et les monter plutôt sans paroles." La marionnette impose ses règles, sa personnalité et son souffle. "La marionnette, c’est à mi-chemin entre le théâtre et les arts visuels, poursuit José Babin. C’est une sculpture qui ne bouge pas aussi rapidement et qui n’a pas le même espace-temps qu’un acteur. La marionnette existe dans les silences, entre les mots. Si, par exemple, tu as un acteur qui a un texte extrêmement verbeux et qui ne fait pas de pause, alors la marionnette, aussi bien la laisser derrière, car elle ne sert plus à rien. Il faut vraiment épurer le texte, faire des "textes à trous", comme on dit, avec des espaces où on peut s’exprimer dans des regards, entre une phrase et une autre, entre deux mots, dans des respirations. C’est une manière différente de rendre le texte."

Avec André Lavallée, marionnettiste et joueur d’ombres qui a peaufiné ses techniques acquises principalement en France et en Italie, José Babin a beaucoup exploré toutes les possibilités de leurs marionnettes et de leur manipulation: "Le mime et la marionnette remontent pour nous à une recherche que nous avons faite en 1999, où nous confrontions le mime d’Étienne Decroux et la marionnette, et pendant 150 heures, nous n’avons fait que de la recherche avec ça, sans idée précise derrière la tête."

Le résultat charme les amateurs, de plus en plus nombreux, du théâtre de marionnettes adulte. "Nous avons appliqué des principes du mime, travaillé avec le corps plus qu’avec les mains, alors que souvent, en marionnette, c’est le contraire qui se produit. Et cette technique de manipulation, à ma connaissance, nous sommes les seuls à la pratiquer…"

Jusqu’au 8 avril
Au Studio Hydro-Québec du Monument-National
Voir calendrier Théâtre