Michel Garneau : Le mythe de la caverne
Scène

Michel Garneau : Le mythe de la caverne

Le poète Michel Garneau présente L’épopée de Gilgamesh, un spectacle pour enfant mêlant musique et théâtre d’ombres.

"Monter sur scène pour lire des poèmes, c’est ce que je rêvais de faire étant enfant. Ce spectacle est donc un des grands plaisirs de ma vie", s’amuse Michel Garneau. Après plus de 100 représentations à travers le Québec et l’Europe, le poète et sa troupe du Petit Théâtre de Sherbrooke sont de retour à Montréal, à la Maison Théâtre, pour interpréter L’épopée de Gilgamesh, un conte musical créé en 1997.

Dans ce spectacle, conçu pour toute la famille et plus particulièrement pour les enfants âgés de 8 à 14 ans, Michel Garneau lit son propre texte, sur une musique de Michel G. Côté, aux côtés de trois comédiennes qui manipulent les marionnettes, le temps d’une chorégraphie d’ombres et de lumières créée par les metteurs en scène Isabelle Cauchy et Marcelle Hudon.

À l’origine, L’épopée de Gilgamesh, ce sont 400 000 tablettes d’argile rédigées par les Sumériens, en écriture cunéiforme, à partir du 2e millénaire avant J.-C., exhumées par des archéologues dans les années 1920. "Je voulais redonner vie à cette légende à ma manière, comme un metteur en scène et Québécois, en remplaçant les onagres par des chevreuils et des orignaux, raconte-t-il. C’est l’histoire la plus ancienne de l’humanité… Même si au départ, en 1974, je l’avais écrite pour les élèves de l’École nationale de théâtre, j’ai pensé qu’il serait intéressant de la mettre en scène pour le théâtre d’ombre, la forme la plus ancienne de spectacle, dont la première représentation a sans doute eu lieu dans la caverne originelle de nos ancêtres.

C’est de la magie… Avec un drap, une lampe de poche et un miroir, on peut créer des images qui plongent le spectateur dans un univers imaginaire. Les enfants, même s’ils sont habitués aux images sophistiquées des jeux vidéo, sont émerveillés par cette simplicité."

Sur scène, le poète et dramaturge raconte donc les aventures du roi d’Orouk, Gilgamesh, un tyran qui opprime son peuple. Pour le mettre à l’épreuve, les dieux lui envoient un égal, Enkidou, qu’il doit affronter. Après un rude combat, les deux adversaires deviennent amis et partent ensemble à la recherche de la gloire: ils combattent Houmbaba, le géant de la forêt de cèdres, se mesurent à la déesse Ishtar et à son taureau du ciel… Mais les dieux enlèvent la vie à Enkidou et Gilgamesh, inconsolable et effrayé à l’idée de sa propre mort, décide de partir en quête de l’immortalité.

Le poète a été bouleversé par cette évocation du thème de l’incompréhension humaine devant la mort. "Dans notre culture, la mort est taboue. On n’en parle pas aux enfants. Quand j’avais 13 ans, mon grand frère de 23 ans est mort. Je n’avais jamais pu faire le deuil de cette perte terrible. En écrivant le passage où Enkidou meurt, j’ai beaucoup pleuré et je me suis enfin laissé porter par ce deuil. Je pense qu’on peut parler aux enfants de sujets graves si on le fait de manière honnête", croit-il.

"Le premier spectacle qu’on voit étant enfant, on s’en souvient toute sa vie… C’est une lourde responsabilité pour les créateurs! Quand je vois des beaux visages curieux entrer dans un théâtre pour la première fois, je suis fier de leur présenter l’histoire du roi Gilgamesh", déclare Michel Garneau.

Jusqu’au 9 avril
À la Maison Théâtre
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