Okidok : Laisse-moi rire
Scène

Okidok : Laisse-moi rire

Le duo de clowns Okidok, qui avait charmé au Festival d’été de Québec en 2005 avec Slips Experience, arrive à Montréal avec HAHAHA, un spectacle qui tourne depuis 2001. Entrevue avec Benoît Devos.

Leur histoire commence dans la cour d’école, alors qu’à 12 ans, Xavier Bouvier et Benoît Devos amusent leurs camarades. Ils le font d’abord avec quelques blagues agrémentées de jongleries et d’acrobaties, et, peu à peu, leurs pitreries s’organisent, se raffinent. Ils s’inscrivent alors à une école de théâtre en Belgique, où ils vivent toujours, entre deux tournées.

"À l’époque, précise Benoît Devos, nous avons été pris en charge par des grands frères de cirque qui, eux, avaient une orientation plutôt cabaret musical ou cirque-théâtre, dans le registre du burlesque." Plus tard, ils viendront aussi se perfectionner à l’École nationale de cirque de Montréal, et, au gré des formations et des explorations, ils se sculpteront une identité, préparant des numéros où la sobriété – pas de décor et peu d’accessoires – laisse toute la place à la magie de la complicité, à la poésie du cirque, et révèle une précision exceptionnelle.

"Au fil des ans, nous avons vu des spectacles qui nous ont marqués, le plus frappant étant sûrement celui d’une troupe de clowns russes de Saint-Pétersbourg, il y a bien 20 ans de ça. Leur imagerie nous a séduits. Après, nous avons vu Howard Buten…" C’est qu’ils ont fait du chemin depuis l’école, ils ont d’ailleurs joint la même agence que ce Buten, célèbre clown et écrivain, qui fut une influence importante, et ils sillonnent sans arrêt la planète pour présenter leur dernier spectacle, HAHAHA.

La France, l’Allemagne, l’Angleterre, l’Espagne, le Danemark, la Norvège, la Finlande, la Suisse, les Pays-Bas et le Japon ont déjà accueilli HAHAHA, qui a été présenté plus de 300 fois déjà. Le scénario étant construit sans texte, le spectacle peut facilement s’adapter à toutes les scènes. "Les onomatopées, cette manière de s’exprimer, c’est un peu notre héritage du cirque, car il y a une tradition française où les clowns avaient du texte, même si ce texte pouvait être composé d’un peu tous les langages. En ce sens, ils étaient internationaux. Mais nous, nous avons fait le choix de ne pas parler. Nous pensons qu’on peut dire plus de choses ainsi. Sans parole, on amène les gens vers d’autres zones. On va vers le non-dit."

On raconte que HAHAHA serait à mi-chemin entre le dessin animé et le théâtre de Beckett, et pour les Québécois, quelque chose pourrait aussi rappeler Sol et Gobelet. "C’est un spectacle ouvert, qui n’est pas formaté en boîte, dans le sens où les deux personnages sont très à l’écoute de la respiration du public et de la manière dont il reçoit le spectacle. Et, selon les réponses du public, nous jouons avec le rythme et avec les possibilités. Par exemple, si nous entendons rire, nous pouvons choisir d’isoler une idée et de s’amuser autour; par contre, si les réactions tombent à plat, nous accélérons. La matière proposée est donc assez malléable et c’est en partie le public qui fait le spectacle."

La formule du spectacle, "composé de tableaux, d’une écriture rythmique où une espèce de crescendo s’installe dans la proposition", permet d’extraire des numéros pour les insérer dans d’autres événements qui rassemblent plusieurs troupes, et installe aussi un climat de franche camaraderie entre le public et les artistes. "Une des particularités du théâtre forain, c’est justement qu’il n’y a pas de quatrième mur. Dans ce cadre-ci, les clowns arrivent sur scène et ils découvrent qu’il y a un public. Là, ils décident de faire avec les gens plutôt que d’interagir seulement entre eux. Dès le début, le rapport est installé et la rencontre est immédiate."

Du 4 au 15 avril
À la TOHU
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