Cette fille-là : Quai des brumes
Scène

Cette fille-là : Quai des brumes

Cette fille-là, un solo tout aussi brillant et primordial qu’à sa création.

Il faut bien admettre que Cette fille-là , le plus récent spectacle du Théâtre du Grand Jour, créé en 2004, respecte parfaitement le mandat de la compagnie: déclencher des débats sociaux où les jeunes ont un rôle déterminant à jouer. La pièce de la Vancouvéroise Joan MacLeod, traduite avec beaucoup de truculence par Olivier Choinière et mise en scène avec exactitude par Sylvain Bélanger, aborde de manière on ne peut plus percutante le sujet de l’intimidation chez les adolescentes.

Construite sur le mode de la confession, celles que livre Braidie à son frère Trevor, la pièce offre une trame aussi dépouillée d’un point de vue dramaturgique que significative du point de vue des thèmes exploités. Il y a là une analyse particulièrement fine (et jamais moraliste) des comportements haineux dont les adolescentes sont capables envers leurs pairs. À 15 ans, Braidie est hantée par le meurtre de Reena Virk, 14 ans, sauvagement battue puis noyée à Victoria en 1997. Si elle est à ce point ébranlée par cet exemple de bullying, ce harcèlement psychologique et physique exercé par des écolières envers l’une des leurs, c’est qu’elle appartient à un semblable rituel. Heureusement, et c’est probablement ce qui explique que le spectacle ait autant d’impact auprès des spectateurs, jeunes et moins jeunes, l’héroïne trouve le courage de briser le silence, de demander de l’aide et, qui sait, d’empêcher un irréparable débordement de violence.

Seule en scène, juchée sur un petit quai en ruine (impeccable scénographie de Michèle Laliberté), Sophie Cadieux porte la pièce sur ses épaules. Incarnant la jeune fille à différents âges et dans des états fort contrastés, évoquant habilement différents personnages secondaires, la comédienne démontre une remarquable agilité. Comme la fillette à laquelle elle prête ses traits, elle est sur le qui-vive, attentive au moindre bruit (conception sonore soignée de Larsen Lupin), à la moindre variation dans l’intensité lumineuse (éclairages chatoyants de Martin Gagné). Espérons que ce spectacle indispensable soit vu par le plus grand nombre de jeunes adultes possible.

Le 8 avril à 20h
À l’Anglicane
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