Les Zapartistes : Lucididididididité
Scène

Les Zapartistes : Lucididididididité

À cinq ans, Les Zapartistes en sont à leur septième cabaret et s’en prennent à la définition du mot lucidité dans le Manifeste pour un Québec lucide. Rencontre avec François Patenaude, le "Zap de l’ombre" qui a récemment rejoint ses acolytes sur scène…

Ils ont fêté leurs cinq ans d’existence l’automne dernier et tournent maintenant une page sur une année 2005 plutôt vive en rebondissements. Petit retour sur les faits: d’abord, le départ du groupe de deux Zaps émérites – Frédéric Savard et Geneviève Rochette -, le congédiement de François Parenteau de l’émission radiophonique Samedi et rien d’autre, à laquelle il collaborait depuis huit ans, suivi de la démission solidaire de Christian Vanasse d’Indicatif présent, sur les mêmes ondes… Brassage de baraque dans le groupe donc, sans pour autant élimer les fondations, en les personnes de Parenteau, Vanasse, Patenaude et l’autre "Zap de l’ombre", Nadine Vincent.

Ainsi, la rétrospective de l’année que Les Zapartistes offraient à leur public montréalais en décembre dernier marquait l’arrivée sur scène de François Patenaude, un Zap qui travaillait jusque-là backstage à l’écriture des textes, ainsi que celle de la nouvelle entité féminine scénique du groupe, Brigitte Poupard, qu’ils surnomment affectueusement "la stagiaire". "On a toujours dit que Les Zapartistes, au-delà des individus, c’était un esprit. Il y a des membres qui peuvent partir et d’autres se rajouter, puis ça a toujours été ça l’histoire des Zaps. On fait de la critique sociale et, dans notre manifeste (www.leszapartistes.com), on annonce nos positions: on a un point de vue plus à gauche, on est indépendantistes, mais ça ne nous empêche pas parfois de tirer à gauche quand on trouve qu’elle a certains travers", explique un des membres fondateurs du groupe, François Patenaude.

Ceux qui ont touché les sujets de l’indépendance, des médias, de l’impérialisme et de la liberté d’expression dans leurs cabarets s’en prennent maintenant au Manifeste pour un Québec lucide, une véritable mine d’or pour ces cabotins politisés: "On trouvait que c’était incontournable. Ça avait occupé une grosse partie de l’actualité cet automne et ça traitait de plusieurs sujets qui nous intéressent sur les plans de l’économie, du discours sur la dette, de la compétitivité, du vieillissement de la population."

L’INVASION

Ainsi, dans le cabaret des Invasions lucides, après leur fameux bulletin de nouvelles qui change à chaque représentation, une lecture "à la Zapartistes" de certains passages du Manifeste pour un Québec lucide s’amorce: "Dans ce cabaret, il y a des moments plus durs, où l’émotion est plus présente. Il y a beaucoup d’avancées de la droite un peu partout au Québec, ou si tu regardes aux États-Unis, avec la guerre d’Irak qui s’enlise, ou le projet de CPE en France, qui ressemble à du cheap labor… C’est pas rassurant. Et le Manifeste… parle beaucoup de la concurrence asiatique, de la dénatalité, du vieillissement, de la dette, des finances publiques… Ce sont des discours qu’on entend un peu partout, mais c’est en condensé, donc c’est assez sérieux et aride. On réussit à mettre de l’humour. Les personnages que l’on fait viennent dire des vérités et ça crée des moments plus émouvants, qui font réfléchir. Et ça, ça fait partie de notre mandat", explique Patenaude.

Le Zapartiste essaie de définir le rôle des drôles d’oiseaux qu’ils sont: "Je crois qu’il est double. Il est à la fois de soutenir le moral des troupes, dont les militants qui sont déjà pas mal au courant. On fait aussi en partie un travail d’éducation populaire, et je pense qu’en quelque sorte, c’est comme un travail de journalisme, parce qu’on fait énormément de recherche et qu’on s’oblige à lire pour aller plus loin dans nos connaissances."

Dans la seconde partie du spectacle, les Zapartistes s’efforcent de donner leur propre définition du mot lucidité: "C’est en réponse à tout ce discours, à cette obligation du "on n’a pas le choix d’être compétitifs", "on n’a pas le choix d’entrer dans le libre-échange, la mondialisation", etc. Pour eux, être lucides, c’est être plus compétitifs, mais pour nous, il y a plein d’autres façons d’être lucides, par rapport à l’environnement par exemple."

Ni "fous du roi", ni "chiens savants", comme le souligne leur manifeste, les Zaps sont tout de même tous issus des milieux universitaires et ont leurs champs de compétence particuliers. François Patenaude, pour sa part, d’abord thérapeute en réadaptation physique, a été collaborateur à L’Aut’Journal et au Couac ainsi que chercheur pour la Chaire d’études socio-économiques de l’UQAM avec Léo-Paul Lauzon. "L’ensemble des Zaps, on a fait différents métiers à droite et à gauche et on s’est toujours intéressés à la politique. On est assez brouillons dans l’organisation. C’est très organique, on aime fouiller un sujet en profondeur. On n’a pas de méthode systématique, mais on connaît nos forces et faiblesses, on a chacun un type d’écriture… Et même si on a des champs de spécialisation, on s’est un peu contaminés les uns les autres", conclut-il.

Le 6 avril à 20h
À la Salle Jean-Despréz
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