Démesure : Frénésie quand tu nous tiens
Scène

Démesure : Frénésie quand tu nous tiens

Dans Démesure, Sandra Belzile danse les excès du comportement humain devant les dictats de la société de consommation. Rencontre avec une jeune chorégraphe  fonceuse.

On parle souvent de l’exode des danseurs vers la métropole. Sandra Belzile, elle, est partie en sens inverse l’été dernier: elle poursuit désormais sa jeune carrière de chorégraphe et danseuse dans sa région d’origine, Rivière-du-Loup. Elle conserve tout de même des liens avec la ville où elle a reçu sa formation puisque, pour son premier spectacle en solo, Démesure, elle collabore avec une artiste visuelle de Québec, Danielle Giguère, qui en a conçu la scénographie et la vidéo.

Si certaines images vidéo montrent la danseuse en action, la plupart des séquences servent à renforcer le thème de la surconsommation. "La projection peut être sur un objet ou sur une installation faite spécialement pour ça, alors ça va chercher quelque chose de texturé, mais les images sont assez claires", dit la chorégraphe. A-t-elle eu peur de la scène blanche? Un peu. "Je ne voulais pas être seule sur scène", explique-t-elle.

L’aide apportée par l’artiste visuelle a cependant pris une dimension inattendue. Danielle Giguère est vite devenue une interlocutrice privilégiée avec laquelle échanger sur la thématique du spectacle, quelqu’un avec qui partager le poids de la création. "La surconsommation, c’est un thème qui est très vaste, et elle m’a vraiment aidée à resserrer les idées, rapporte la danseuse. Ça a été une très belle collaboration. Le projet de base était mon idée, mais elle a travaillé beaucoup à la conception."

Ce qui intéresse par-dessus tout Sandra Belzile dans le thème de la consommation, c’est le comportement humain: relation à l’argent, performance, gaspillage, confort, abus de drogue, corps-objet… Si le spectacle peut faire rire – elle en a eu la preuve lorsqu’elle en a présenté un extrait lors d’une activité de Folie/Culture le mois dernier -, il peut aussi être touchant par son côté profondément humain, croit-elle. "Oui, c’est drôle, mais en même temps, il y a une espèce de malaise. Je suis certaine qu’à un moment du spectacle au moins, les gens vont se reconnaître là-dedans", dit-elle en précisant qu’elle souhaite susciter une prise de conscience.

Le spectacle prend la forme d’une suite de tableaux qui se succèdent en fondus. Tantôt frénétique, tantôt fluide, la gestuelle est dérivée des mouvements du quotidien. Le personnage que Sandra a créé évolue à travers une profusion de sacs et de souliers. "Il y a un peu de place pour le relâchement, mais la gestuelle est vraiment très intense, dit-elle. Il y a de l’énergie. Ça bouge!"

La création en solo s’est avérée un long processus: se filmer, puis visionner le tout le soir pour apporter les correctifs le lendemain. "C’est difficile d’aller en studio toute seule tout le temps, admet aussi la chorégraphe… Mais c’est tellement passionnant! Ça a été une belle expérience. Ça donne juste le goût de poursuivre." Sauf que la prochaine fois, elle ira probablement vers un duo, annonce-t-elle déjà.

Du 19 au 22 avril
Au Studio d’essai de Méduse
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