Erin Flynn : Les apprentis sorciers
Scène

Erin Flynn : Les apprentis sorciers

La chorégraphe Erin Flynn et le collectif Vertice nous invitent à une expérience interdisciplinaire de "chamanisme urbain" où l’art cherche à ouvrir la conscience. De jeunes artistes inspirés et inspirants.

"Pour moi, la danse est importante pour la vie parce qu’elle permet de recréer l’unité du corps et de l’esprit que nous avons perdue dans la culture occidentale. Si les gens étaient mieux connectés à leur corps, ils auraient une meilleure perception des autres et de l’environnement, et le monde serait différent. C’est pour ça que je danse et que je crée." Celle qui s’exprime ainsi, c’est Erin Flynn, interprète originaire de Winnipeg qui a collaboré avec une dizaine de chorégraphes et qui s’est illustrée récemment au sein de la compagnie Van Grimde Corps Secrets. Parallèlement à sa carrière de danseuse, elle est engagée depuis deux ans dans une recherche artistique au sein du collectif Vertice, où elle travaille en symbiose avec le compositeur-programmeur Andrew Watson et avec l’artiste vidéo Louis Plourde. S’étant déjà produits dans divers contextes, ils présentent leur première oeuvre dansée de longue durée. Intitulée Alcôve, elle est à l’affiche de Tangente dans le cadre de la série Corps électroniques.

Afin de favoriser une approche de la danse moins formelle que celle d’une représentation où le spectateur reçoit et juge, les trois créateurs brisent la forme traditionnelle de la "boîte noire" pour mieux intégrer le public à la performance interactive qu’ils réalisent en collaboration avec cinq autres artistes. On entre par les coulisses, tentures et écrans blancs ont remplacé les rideaux noirs et des rangées de sièges ont été aménagées sur un côté de la scène, en plus des habituels gradins. Le spectacle comporte quant à lui une grande part d’aléatoire: les danseurs évoluent la plupart du temps dans des improvisations structurées à base d’un mélange de leur gestuelle personnelle et de celle de la chorégraphe, et parfois ils manipulent des senseurs qui donnent à leurs mouvements la capacité de contrôler la musique et l’image. On fait ici appel à la technologie pour rendre plus tangibles les interactions invisibles entre l’humain et le reste du monde.

"Ce qui est intéressant avec ce processus, souligne Erin Flynn, c’est qu’il amène les danseurs à développer une conscience plus globale que celle de leur propre réalité: le fait qu’ils créent l’environnement sonore et visuel pour un autre danseur les oblige à le regarder vraiment afin de faire des choix adéquats pour l’accompagner." "Et puis ça génère une autre gestuelle parce qu’il faut bouger d’une certaine manière pour obtenir des effets particuliers, ajoute Andrew Watson. Pour interpréter ma musique selon son idée, le danseur doit ajuster son mouvement. C’est vraiment fascinant."

Comme on jette une pierre à la surface d’un lac pour admirer l’onde qu’elle provoque, les membres de Vertice livrent leur art aux interprètes et au public pour agir sur le monde. Un rituel inventé à partir d’éléments de la modernité pour répondre aux besoins éternels de communion et de transcendance. Un acte sacré qui requiert une Alcôve, lieu de recueillement, pour être partagé, et ne demande de notre part aucune autre habileté que celles de l’ouverture et de l’écoute.

Du 20 au 23 avril
À Tangente
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