Hosanna : Face à face
Scène

Hosanna : Face à face

Hosanna remonte sur les planches, tout aussi flamboyante et tragique qu’à sa naissance, il y a plus de 30 ans.

Il y avait 15 ans qu’Hosanna, la pièce de Michel Tremblay, n’avait pas été montée au Québec, du moins en français. Ces jours-ci, Claude et Raymond, mieux connus sous les noms d’Hosanna et Cuirette, deux hommes qui s’aiment autant qu’ils se persécutent, foulent à nouveau une scène de théâtre.

Force est d’admettre que, toutes ces années après sa création, le texte n’a rien perdu de sa pertinence. Il y est principalement question de deux grandes quêtes identitaires, celle de la nation québécoise et celle d’un couple engagé dans la tumultueuse redéfinition sexuelle des années 70. Des deux parcours, c’est celui du tandem pourchassant sa vérité qui traverse le mieux le temps. Chez les deux hommes, dans chacune de leurs répliques, affleure le désir vital et irrépressible de laisser tomber les masques, sans être certains de ce qu’ils vont trouver derrière. Hosanna et Cuirette vivent dans le mensonge, un mensonge infiniment ramifié. La lecture pénétrante de Serge Denoncourt semble proclamer la fin de ce règne de la duplicité et des faux-semblants. Bien plus qu’une anecdotique scène de ménage, la pièce ausculte une transfiguration qui relève de l’intime, une étape majeure dans le courageux affranchissement des homosexuels.

Les protagonistes évoluent dans une garçonnière où le kitsch des années 70 est rigoureusement reconstitué, un lieu qui ne révèle toute son ingéniosité qu’en cours de représentation. Benoît Brière incarne avec beaucoup d’adresse le rôle qu’il a témérairement accepté. Tout en mettant son sens inné du comique à profit, l’acteur cultive les demi-teintes. Sans priver son personnage de l’extravagance qui le caractérise, Brière se montre capable d’une retenue qui insuffle au travesti une grande dose d’humanité. Normand D’Amour trouve en Cuirette un emploi qui lui va comme un gant. Loin d’être limité aux fonctions de faire-valoir, le comédien garde son "gars de bicycle" loin de la veulerie et de l’insensibilité où certains ont eu tendance à le confiner. Ce spectacle permet de constater que se forge peu à peu au Québec un répertoire de pièces impérissables, des oeuvres fortes qui gagnent à être revisitées.

Le 25 avril à 20 h
À la Salle Maurice-O’Bready
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