La Baronne et la Truie : La cigale et la fourmi
Scène

La Baronne et la Truie : La cigale et la fourmi

Avec La Baronne et la Truie, le Théâtre du Trillium présente un duo singulier où une enfant sauvage et une bourgeoise s’unissent dans le chant.

Ce texte étonnant de Michael Mackenzie (dans une traduction de Paul Lefebvre) raconte l’histoire d’une baronne de Paris qui, à la fin du XIXe siècle, s’est donné pour mission de faire d’une "enfant sauvage" sa bonne et de l’élever ainsi à un niveau social plus noble. La femme prendra sous son aile une jeune fille qu’on a jetée aux porcs dès sa naissance et qu’elle nommera Émilie. Pour camper les rôles, la metteure en scène Sylvie Dufour avait non seulement besoin de comédiennes qui ont du cran, mais aussi de chanteuses qui savent interpréter de l’opéra. Elle a ainsi fait appel à Sasha Dominique (baronne) et à Nathalie Nadon (truie), qui ont toutes deux une formation classique. "À la première lecture, je n’ai pas saisi l’humour du texte", raconte Nathalie Nadon, qui a rapidement compris avec amusement quel rôle Sylvie lui suggérait. "On dirait que je n’ai pas tout de suite saisi le langage d’Émilie. Elle parle en mots, mais dans chaque mot, il y a toute une pensée qui s’installe, et souvent ça fait jaillir l’humour…"

Décidée à rendre les personnages crédibles, Sylvie Dufour n’a reculé devant rien pour bien préparer les comédiennes à leur rôle. Elle a notamment visité la Ferme expérimentale centrale d’Ottawa. "On a fait de l’observation, commence Sylvie. On voulait voir comment les cochons se comportent, comment ils réagissent lorsqu’ils sont nourris par exemple. Ça a servi à comprendre la pensée du personnage, ses associations d’idées. Émilie travaille sur l’essentiel, alors que la baronne est superficielle; elle est dans la bienséance continuellement."

Ainsi, deux mondes opposés se rencontrent dans cette histoire qui s’illustre comme un univers de miroirs où les différences deviennent des richesses à exploiter: "Je pense que la baronne est en fait très humaniste. Elle veut prouver que c’est pas parce que tu es né pour un petit pain que tu vas le rester. Elle veut montrer que c’est possible de sortir de ces schèmes de la noblesse", remarque Sylvie, qui utilise la vidéo dans sa mise en scène stylisée pour évoquer le cheminement des personnages.

De fait, la complicité entre ces deux êtres atteint son paroxysme quand la baronne entend la truie pousser quelques notes: "Émilie a une capacité d’imitation, elle a développé ses cordes vocales différemment d’une personne dans une maison. Elle s’est mise à miauler pour parler aux chats, elle s’est probablement mise à imiter les oiseaux, les vaches, donc elle a les basses et les hautes, alors ça a plein de bon sens que le chant soudainement arrive", explique Nathalie, qui a visionné L’Enfant sauvage de François Truffaut lors des répétitions pour constater qu’elle avait très bien compris l’univers de son personnage.

La baronne, qui avait abandonné le dessin parce qu’il ne paraissait pas respectable pour une femme mariée, va redécouvrir son art ainsi que le chant. "À la fin, Émilie devient plus une dame de compagnie pour la baronne. Je suis pas sûre de pouvoir décrire leur lien, c’est de l’amitié? De l’amour? Ou même un instinct maternel? En tout cas, c’est un engagement, puis elles vont devenir un peu prisonnières de leur engagement", constate Sylvie, ajoutant que le spectacle se termine par un numéro de chant.

Du 18 au 29 avril à 20h
À la Nouvelle Scène
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