L'Astragale : À la folie…
Scène

L’Astragale : À la folie…

L’Astragale, dans sa nouvelle production présentée à la Maison de la culture de Trois-Rivières, fait revivre la passion de Claudel et Rodin. Une histoire trouble visitée par trois chorégraphes.

"Depuis que je suis adolescente, je tripe sur les sculptures de Camille Claudel et de Rodin", lance d’une voix fébrile Mireille Baril, quelques minutes avant son départ pour les dernières répétitions du spectacle Claudel et Rodin en plusieurs mouvements à Montréal. Passionnée par les oeuvres des deux artistes français, la jeune femme, qui succède à Claire Mayer comme directrice artistique de L’Astragale, admet avoir écouté son coeur au moment de couler les bases de cette nouvelle production de la compagnie professionnelle de Trois-Rivières.

"Quand le poste de directrice artistique m’a été offert, je me suis demandé ce que je pouvais faire de spécial. J’ai dansé pour L’Astragale pendant huit ans et pour plein de projets à Montréal… Pour faire différent de la danse que l’on voit au Québec, je me dis: "Pourquoi je ne m’inspirerais pas d’autres formes d’arts!" Je ne voulais pas juste avoir l’oeil du chorégraphe. Je voulais lui imposer un peu quelque chose", explique-t-elle. La danseuse de formation a donc invité trois chorégraphes (Mélanie Demers, Harold Rhéaume, Tony Chong) à créer à partir de contraintes bien précises. Connaissant leurs talents respectifs, elle leur a imposé une ou deux sculptures ainsi que les danseurs avec qui ils auraient à travailler (Anne Barry, Tom Casey, Dominic Caron, Lucie Carmen Grégoire et elle-même).

Au total, cinq tableaux d’une durée de 10 à 15 minutes, conçus pour être éventuellement dansés dans des musées au Québec ou en Europe, seront présentés. Si a priori les chorégraphes affichaient un caractère artistique distinct, leurs oeuvres sont finalement piquées de ressemblances. Cela étonne Mireille Baril. "C’est drôle, mais il y a des similitudes. Pourtant, les chorégraphes ne se sont jamais parlé, bien qu’ils se connaissent un peu. Les sculptures de Camille Claudel et Rodin, leur histoire d’amour passionnel, qui a très, très mal fini… c’est comme si tout le monde s’était inspiré de ça." Rien de très joyeux donc à l’horaire de la représentation. "Il y a deux solos, puis trois duos. Dans les trois duos, on voit une histoire de couple différente. Sauf que ce n’est pas une histoire de couple où tout va bien dans la vie. C’est plus passionnel. Un peu réaliste aussi, parce que dans un couple, quand ça fait longtemps qu’on est ensemble, ce n’est pas toujours la grande passion. On dirait qu’on voit la passion super forte dans les duos, en plus de voir l’espèce de déchirure de la séparation."

Dans la production Claudel et Rodin, Mireille Baril porte plus d’un chapeau. Elle est à la fois directrice artistique, répétitrice et interprète. Cette dernière coiffe a dû par ailleurs être modifiée en cours de route puisque la danseuse a appris qu’elle était enceinte. Une belle surprise qui sert bien La Danaïde, la pièce qu’elle danse. "Mélanie Demers était beaucoup inspirée par le fait que je sois enceinte. Parce que la sculpture est une sculpture très, très sensuelle et très femme. Et le fait que je sois enceinte, ça apporte. Les gens ne le verront pas, parce que ça ne paraît pas tant que ça. Mais nous, on le sait. Et c’est comme si je portais un secret…" conclut-elle.

Les 20 et 21 avril à 20h
À la Maison de la culture de Trois-Rivières
Voir calendrier Danse