Le Festival du Jamais Lu : À haute voix
Le Festival du Jamais Lu, qui célèbre cette année ses cinq ans d’existence, a plus que jamais le vent dans les voiles. Survol des faits saillants de cette édition anniversaire.
Encore une fois ce printemps, le Festival du Jamais Lu tient ses promesses en offrant le théâtre de demain… dès maintenant! Du 20 au 29 avril, 22 auteurs de Montréal, du Canada francophone et de la Belgique feront entendre 14 textes inédits. Plus festive que jamais, cette cinquième édition déborde d’activités spéciales. C’est que les organisateurs de cet événement unique en son genre ont toutes les raisons de se réjouir. Avec les années, le Festival n’a cessé de prendre de l’envergure et d’accroître sa visibilité.
Selon Marcelle Dubois, directrice artistique et cofondatrice du festival, la vocation du Jamais Lu est restée fondamentalement la même depuis le début de l’aventure: faire entendre la voix de jeunes dramaturges francophones encore peu ou pas connus. Cela dit, les moyens d’y arriver sont plus nombreux aujourd’hui qu’auparavant. "Le nouveau format du festival, sa durée actuelle, la fondation récente du Journal du Jamais Lu (une publication distribuée gratuitement dans les théâtres et les maisons de la culture)… ce sont autant de moyens de décupler notre engagement envers les dramaturges de la relève." En effet, le Festival s’avère plus sélectif et plus engagé dans le milieu que par le passé. "Au départ, nous choisissions parmi les propositions que nous recevions: des plans et des textes en chantier. Maintenant, nous demandons également à des auteurs, que nous savons en cours de rédaction, de nous soumettre des textes. Mon changement de titre, de coordonnatrice artistique à directrice artistique, exprime bien la nouvelle direction qu’adopte le festival. La notion de choix est plus présente qu’elle ne l’a jamais été."
SOUS LE SIGNE DE L’ENGAGEMENT
"Provoquer. Réfléchir. S’amuser. Se révolter. Et espérer. Ensemble.", voilà ce que la cinquième présentation du Jamais Lu accomplira à coups de lectures et de conférences. Le 20, on pose, sur un ton à la fois sérieux et loufoque, une première question éthique: "Confieriez-vous votre comptabilité à un mime?" et on se glisse avec Jean-François Nadeau dans Le Pavillon de l’intime. Le 21, sept dramaturges racontent l’Utopie du lieu. Le 22, on s’interroge sur l’intégrité artistique et on expose le Projet commun de François Bernier et Sophie Cadieux. Le 23, on découvre Inc. de l’Ontarien Inouk Touzin et Nettoyage à sec only de Céline Brassard. Le 24, Olivier Ducas voit sa Chanson de Roland entonnée et on lit Je voudrais (pas) crever de Marc-Antoine Cyr. Le 25, on s’interroge sur les manières de perdurer comme auteur, on déclenche une Féministerie et on lit L’Affiche – To Exist Is to Resist de Philippe Ducros. Le 26, on entend Le Déluge après de Sarah Berthiaume, on aborde la censure et on écoute L’Homme invisible de Samuel Cloutier. Le 27, on rencontre Anna Tête-de-proue, l’héroïne de Marilyn Perreault et Annie Ranger, on affronte le Verglas du Belge Marco Cecchinato et Guillaume Girard dévoile Si l’on s’écrie. Le 28, on visite Laura de Montréal, une amie de l’Acadienne Mélanie Léger et Émilie Gauvin demande C’est quoi la suite? Le 29, Geoffrey Gaquère anime un cabaret de clôture ayant pour thème la réussite.
Parmi tous ces textes, la directrice artistique repère un certain nombre de constantes. "D’abord, de nombreux personnages s’interrogent, sur un mode parfois réaliste et parfois complètement éclaté, sur la manière de s’intégrer dans la société. On les voit lancer des perches pour se rapprocher du monde réel. Ensuite, on perçoit une véritable préoccupation environnementale et écologique. On parle de déluge, de verglas, de phoques." Et, finalement, il semble que les dramaturges de cette cuvée fassent plus que jamais preuve d’engagement. "Ils sont dans la parole. Le besoin de dire les choses supplante celui de se pencher sur la forme."
Parce qu’il existe encore une ou deux personnes qui demeurent réfractaires à l’idée de découvrir, avant tout le monde, une oeuvre bouleversante, un auteur prometteur ou un orateur hilarant, le Festival du Jamais Lu compte mener plusieurs luttes au cours des prochaines années. "Nous envisageons la possibilité de créer des mariages entre le festival et certaines institutions, explique la dynamique Marcelle Dubois. Nous augmenterons aussi le réseautage à travers le pays et le monde. En démystifiant la mise en lecture et en insistant sur son dynamisme, nous comptons toucher davantage le grand public."
Du 20 au 29 avril
O Patro Vys (356, avenue du Mont-Royal Est)
Voir calendrier Théâtre