Philippe Avron : Avron l'enchanteur
Scène

Philippe Avron : Avron l’enchanteur

Philippe Avron, homme de théâtre français aux multiples talents, revient au Québec pour offrir non pas un, mais trois de ses attendrissants spectacles solos.

Depuis 1999, Philippe Avron courtise le public montréalais avec beaucoup de doigté et de délicatesse. "Chaque fois, je reste plus longtemps. Ça veut dire que des liens se créent." Ces jours-ci, l’auteur, metteur en scène et comédien français est de retour dans la Belle Province pour dévoiler Rire fragile, un spectacle créé à Bruxelles en 2004. Aussi, pour ceux qui ont manqué les autres rendez-vous, l’attachant créateur reprend Je suis un saumon et Le Fantôme de Shakespeare, ses deux précédents solos. Avant d’être présenté en rafale au Théâtre Denise-Pelletier, le triptyque visitera, en tout ou en partie, les villes de Sainte-Geneviève, Québec et Baie-Comeau.

Au cours des 45 dernières années, Avron a apposé sa griffe sur certaines des plus belles pages du théâtre français. Formé par Jacques Lecoq, il fait ses débuts auprès de Jean Vilar et Benno Besson. Les soirs de relâche, lui et son comparse Claude Evrard parcourent les cabarets de la rive gauche avec des sketchs qui font fureur. En 1980, au Festival d’Avignon, Avron crée Pierre d’Asnières, le premier d’une suite de solos salués de toutes parts. Je suis un saumon, présenté en 1999 à la Salle Fred-Barry et repris au Théâtre Denise-Pelletier en 2001, révèle aux Montréalais un homme de théâtre hors norme. En 2003, Le Fantôme de Shakespeare reçoit, chez nous comme ailleurs, un accueil des plus enthousiastes. Depuis 20 ans, public et critique ne tarissent pas d’éloges envers les "confidences" de Philippe Avron, d’ailleurs couronnées de deux Molière. On en souligne la drôlerie, la poésie, la finesse… Ses monologues démontrent un sens aigu de l’observation, une faculté unique de traduire le mouvement imperceptible des choses et des êtres. Avec de tels dons, l’artiste décroche vite le titre enviable de "comédien enchanteur". "Je ne sais plus qui m’a donné ce nom, mais j’aime bien l’idée d’enchantement, de merveilleux, de charme… Cela dit, je ne travaille pas en me disant: "Je vais enchanter les gens!" Si les gens sont enchantés de ce que je fais, j’en suis heureux, mais au départ, je veux seulement créer quelque chose qui corresponde à ce que j’ai envie de dire dans le moment et le monde actuels. Si j’ai écrit Rire fragile, par exemple, c’est que tant que je n’ai pas ri avec quelqu’un, tant que je n’ai pas établi une complicité du rire ou du sourire, de la plaisanterie, je ne suis pas satisfait."

L’ASCENSION

Tout comme son personnage, Philippe Avron fréquente assidûment la dérision. "Mes spectacles forment une trilogie semblable à celle de Claudel: Le Pain dur, Le Pain azyme et Le Pain complet. Vous connaissez?" Plus sérieusement, l’homme de théâtre explique que certains éléments sont récurrents dans son oeuvre. On apprend que des protagonistes réapparaissent d’un univers à l’autre: "Les gens me disent qu’ils sont contents de les revoir, et moi ça m’aide du point de vue de l’écriture." De la même manière, aussi bien dans la forme que dans les thèmes, les trois pièces répondraient à un mouvement ascensionnel: "On part chaque fois d’une situation apparemment quotidienne et, peu à peu, il y a un élan vers le haut. Dans Je suis un saumon, c’est l’arrivée à la frayère, c’est-à-dire à l’amour et à la mort. Dans Rire fragile, c’est le cheval qui emporte le professeur de philo dans le cosmos. Et dans Le Fantôme de Shakespeare, c’est Shakespeare lui-même qui vient, à la fin, dire: "Nous sommes de la même essence que nos rêves. Nos courtes vies se terminent par un long sommeil." Chaque fois, il y a une progression qui tend vers le haut. D’ailleurs, tant que je n’ai pas trouvé cette sorte d’escalier, je ne suis pas content de la pièce."

DU 27 AU 29 AVRIL
AU THÉÂTRE DENISE-PELLETIER