Frères de sang : Coeur saignant
Scène

Frères de sang : Coeur saignant

Frères de sang, créé à Liverpool en 1983 et monté en français en 2004, divertit efficacement mais apporte bien peu au genre.

Grâce au bon travail des interprètes et à quelques mélodies accrocheuses, le spectacle de théâtre musical Frères de sang, écrit par l’Anglais Willy Russel, arrive presque à nous faire oublier sa mince teneur dramatique. Entendons-nous: le metteur en scène René Richard Cyr, qui signe aussi, avec Maryse Warda, la traduction, n’affiche ici aucune autre prétention que celle de divertir sans non plus tenter de cacher les ficelles habituelles du mélodrame chanté, celui qui soutire parfois quelques larmes au spectateur s’il accepte de s’abandonner à la proposition sans trop rechigner sur les faiblesses du spectacle, au demeurant plutôt entraînant. Il faut dire que René Richard Cyr a l’habitude du genre, puisqu’il a mis en scène avec succès Les Parapluies de Cherbourg et L’Homme de la Mancha.

Outre le texte, banal et sans progression (surtout qu’on nous présente le dénouement dès le début), les arrangements et problèmes de langue agacent. Benoît Sarrasin, qui assure la direction musicale et signe lesdits arrangements, n’apporte rien de bien original et n’hésite pas à récupérer constamment les mêmes ponts à mi-chemin entre les standards du jazz et les recettes qu’affectionnent les radios des salles d’attente des cabinets de dentistes. Cela dit, mes voisins de rangée semblaient particulièrement apprécier cette musique qui comporte de belles mélodies, et nous devons souligner la bonne idée d’avoir sur scène un véritable orchestre de quatre musiciens compétents. Pour ce qui est de la langue, on devrait revoir la traduction (surtout pour les chansons) quant à l’usage de certains que, dont et de; ces détails finissent par avoir raison de notre indulgence face aux différents niveaux de langage plus ou moins bien amenés. Cela étant dit, tous les comédiens naviguent bien dans cet univers, alternant sans problème du texte au chant. Et même si on se passerait bien de quelques trémolos superflus, le mariage des voix (direction vocale: Monique Fauteux) fonctionne toujours, surtout pour les duos qui laissent entendre le potentiel de chacun. La voix de Maude Guérin, qui revient souvent en soliste, chaude et rocailleuse, saura en charmer plusieurs, comme cela avait été le cas lors de la création québécoise du spectacle à Joliette, à l’été 2004.

Jusqu’au 27 mai
Au Théâtre Jean-Duceppe
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