Le Sang : Méprise d'otage
Scène

Le Sang : Méprise d’otage

Avec Le Sang du Catalan Sergi Belbel, les finissants de l’École de théâtre du Cégep de St-Hyacinthe présentent une pièce aussi mystérieuse que sanglante.

Pour une rançon et, visiblement, pour des motifs qui échappent au spectateur, des ravisseurs séquestrent une professeure d’université, épouse d’un politicien corrompu qui la trompe. Bien campée par Cathy Labrecque, la femme affiche une certaine sérénité devant ses futurs bourreaux qui n’hésitent pas à l’amputer, petit à petit, malgré la réception de la somme réclamée pour sa libération. On ne sait trop pourquoi, les kidnappeurs semblent préférer envoyer des membres sectionnés (doigt, oreille, pied…) de la victime à des inconnus ou à la maîtresse du mari plutôt que de libérer ou d’assassiner d’un coup la séquestrée.

When the pâté hits the fan, disent les anglos. Eh bien, on dirait qu’éclabousser le plus de gens possible avec une histoire qui pourrait se limiter à une affaire d’argent soit devenu la mission de ces ravisseurs aussi étranges qu’absurdes. Carl Veilleux et Karine Richard incarnent ce couple qui garde l’épouse en otage, sans pour autant cacher à une enfant, interprétée par Marie-Ève Milot, leurs activités sordides. On comprend mal ce qui se passe dans la tête de ces personnages marchant sur un fil ténu, entre l’empathie et la torture mentale. On comprend mal aussi pourquoi une messagère à vélo (Audrée Daoust), en venant porter un colis, se met à caresser sans véritable préambule une cliente qu’elle ne connaît que depuis quelques minutes. Enfin, on comprend difficilement pourquoi tant de tableaux et de personnages aussi peu importants au déroulement de l’histoire viennent éterniser des moments qui ne sont en fait que des liens.

Certes, il s’agit d’un spectacle de finissants et tout le monde doit travailler, mais présenté ainsi, ça ne sert personne. Ce n’est pas avec des musiques marquant des ruptures ou avec des tableaux en aparté (une cycliste s’activant comme sur le toit de la scène ou un jeune punk mimant le lavage de vitres) qu’on arrive à resserrer le rythme d’un texte inapproprié pour permettre à ces jeunes comédiens de prendre leur place.

Jusqu’au 6 mai
Au Théâtre Prospero
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