Les cercueils de zinc : Confessions publiques
Scène

Les cercueils de zinc : Confessions publiques

Les cercueils de zinc nous fait plonger, par la seule force du texte et de l’interprétation, dans l’effroi de la  guerre.

Avec cette première production, les artistes du Théâtre les Anonymes redonnent vie à leur projet de finissants au Conservatoire, en mai 2004. Création dirigée et mise en scène par Antoine Laprise, Les cercueils de zinc se présente comme une série de monologues de citoyens soviétiques, hommes et femmes, ayant vécu la guerre d’Afghanistan. Conçu à partir de témoignages réels recueillis par la journaliste Svetlana Alexievitch, le spectacle, théâtre documentaire, tire de ce matériau, d’emblée, un degré de réalité troublant, une efficacité dérangeante.

En tout, huit monologues, souvenirs de soldats, infirmières, veuve, entre lesquels s’insèrent des textes brefs, unissant les comédiens en un choeur. Position différente, même constat: la guerre fait vivre l’horreur, réveille une cruauté parfois insoupçonnée, transforme, blesse, détruit, à jamais, quelque chose en l’être humain échappé à l’enfer. Et ravage, absurdement, des êtres identiques des deux côtés, souffrant et mourant de même, dans une langue, seulement, différente.

Si, rationnellement, on sait tout cela, Les cercueils de zinc le jette au visage, en un contact direct avec cette douleur, plus efficacement que toute nouvelle télévisée, tout discours. Avec une grande simplicité de moyens – costumes quotidiens, quelques lits, des valises, des cercueils -, le Théâtre les Anonymes offre un spectacle réservant toute la place au texte, livré avec le plus de sincérité possible, dans les aveux pas toujours faciles à prononcer, à entendre. Souvenirs déclinés dans la solitude et déchirures communes apparaissent, alternance pertinente de scènes individuelles et de mouvements de groupe. Depuis 2004, le spectacle a été resserré, et le jeu, retravaillé. Les comédiens vont plus loin encore dans la vérité dépouillée; totalement engagé, respectueux de la parole à porter, chacun révèle un pan du cauchemar personnel, et bien réel, de l’être qu’il incarne.

Vérité du jeu, de la mise en scène et du texte font des Cercueils de zinc une dénonciation à la fois violente et sobre : sans commentaires ni excès, toujours mesurée dans l’émotion mais allant à fond dans l’authenticité. L’effet en est d’autant plus percutant. En résulte un spectacle fort, bouleversant. Nécessaire: l’écho en est universel, et toujours terriblement actuel.

Jusqu’au 13 mai
Au Théâtre Périscope
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