Crystal Pite et Richard Siegal : Moi et l’autre
Crystal Pite et Richard Siegal clôturent la 3e saison de la Série Cinquième Salle de la Place des Arts avec Double Story, une pièce éclatée explorant la question de l’identité.
En septembre 2004, l’étoile montante Crystal Pite nous dévoilait son Stolen Show, une trilogie colorée créée pour bjm_danse. Son succès fut tel que l’équipe de Danse Danse eut la bonne idée de ramener la pièce sur les planches en novembre dernier. Quelques mois plus tard, voilà qu’une nouvelle oeuvre de la Vancouvéroise nous est accessible dans l’intimité de la Cinquième Salle. Après avoir transcendé la dichotomie qui oppose les arts savants au show-business, la chorégraphe sonde une zone beaucoup plus personnelle, soit celle de la quête d’identité.
Présenté pour la première fois en octobre 2004, Double Story aura pratiquement fait le tour du Canada avant d’être diffusé à Montréal. Comme son nom l’indique, cette pièce propose deux univers. Nous seront ainsi présentés deux duos, l’un signé Pite et l’autre, Richard Siegal. "Richard et moi avons dansé ensemble au Ballet Frankfurt. Nous y avons développé une grande complicité, indique la chorégraphe. Et comme ma compagnie Kidd Pivot se consacre en partie à la diffusion de chorégraphes invités, j’ai eu envie de partager l’expérience avec lui."
Double Story débute sur la pièce de Siegal, The Bouncy Woman Piece, où, accompagné par un narrateur, un homme s’engage dans un dialogue avec son propre reflet. "La quête d’identité est fondamentale. J’ai choisi de l’illustrer en utilisant des miroirs comme métaphore centrale, pour en faire une rencontre entre soi et l’autre. Mais, malgré le reflet auquel le personnage se confie, il ne sait se retrouver. Il s’y fond naïvement et s’y perd. Il devient elle et elle devient lui…", d’expliquer le chorégraphe américain aujourd’hui basé à Paris.
En réponse à son complice, Crystal Pite propose Man Asunder, un reflet inversé de The Bouncy Woman Piece. Usant des miroirs mouvants comme point de départ d’un voyage méditatif, la chorégraphe suggère la fabuleuse histoire de l’homme qui a vu l’homme, la quête absurde d’un double fuyant: "À l’opposé de la pièce de Richard, je me suis penchée sur un personnage à qui le reflet échappe. Se révèle ainsi l’inconstance de la mémoire, déformée par l’ego et le temps."
Unis par la musique de la montréalaise Diane Labrosse, interprétée en temps réel, ces duos sont incarnés par les créateurs eux-mêmes: "Cela nous a permis de faire évoluer nos pièces, de nous répondre mutuellement via nos oeuvres. C’est un processus très intéressant et très intime. Toutefois, il ne faudrait pas croire que c’est une tragédie. Mon humour n’est pas disparu et nous nous amusons beaucoup sur scène. Je suis emballée à l’idée d’enfin présenter ce spectacle à Montréal."
Du 10 au 13 mai
À la Cinquième Salle de la Place des Arts
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