Brigitte Haentjens : À choeur ouvert
Scène

Brigitte Haentjens : À choeur ouvert

Brigitte Haentjens est à l’origine de Tout comme elle, pièce poétique sur les relations mère-fille, créée à l’Usine C en janvier dernier. Avec pas moins de 50 comédiennes.

[Carrefour international de théâtre]

"Ça faisait assez longtemps que j’y pensais, évoque Brigitte Haentjens. D’un côté, j’avais vraiment le goût de travailler avec beaucoup d’actrices. Et puis, j’étais très intéressée, depuis de nombreuses années, à l’oeuvre de Louise Dupré, qui est une poète, romancière et essayiste québécoise très brillante, et en plus une femme absolument magnifique et adorable. Donc, on a commencé à se voir, à parler et, finalement, on s’est entendues sur le sujet de la relation à la mère." Après quoi, l’auteure s’est retirée pour écrire, puis, son texte achevé… "Elle me l’a donné! Elle m’a dit: "Tu fais ce que tu veux avec"… C’est un grand cadeau", se réjouit-elle encore aujourd’hui, observant au passage: "Ça parle de filiation, c’est-à-dire d’être la fille d’une femme et, éventuellement, la mère d’une fille, donc, de la transmission de la féminité par les femmes. Et c’est fait de façon très épurée; ce sont des évocations, des fragments poétiques… En fait, le spectacle est de nature poétique plutôt que dramatique." Mais ce qui frappe le plus, c’est certainement son choeur "vivant, palpitant, bougeant et actif" de 50 comédiennes. "J’ai personnellement pris contact avec chacune des interprètes, raconte-t-elle. Je les ai choisies en fonction de mon désir de travailler avec elles, mais aussi parce que je voulais que la distribution reflète un ensemble de choses: le milieu artistique, les âges, les corps…" Et la réponse fut on ne peut plus enthousiaste.

C’est alors que commençait près d’un an de laboratoire de création en compagnie d’une dizaine d’interprètes. "J’ai travaillé un peu comme d’habitude, c’est-à-dire par lente imprégnation. On a beaucoup parlé… On prépare, on prépare et, à un moment donné, on est prêts à travailler debout. Alors, ce n’est pas de l’improvisation, mais plus de l’essai-erreur, précise la metteure en scène. Moi, je n’ai jamais l’objectif de faire passer quelque chose. J’essaie que ce soit l’inconscient qui parle. Mais il y a beaucoup de réflexion en même temps, beaucoup de travail théorique aussi, de lecture, qui se fait autour de la matière. Disons que c’est de l’intuition, mais solidement ancrée." Ainsi naissait Tout comme elle, un spectacle qui, sur fond de plateau nu, table essentiellement sur ses actrices. "Elles sont toutes là, tout le temps, à la lumière, actives, explique-t-elle. Pas forcément en train de bouger, de s’agiter, mais tout le monde est présent. En fait, tu peux regarder toutes les autres pendant qu’une parle. C’est comme une partition; ça a quelque chose de très musical, graphique et rythmique." Autant d’ingrédients aptes à créer un effet percutant. D’ailleurs, elle remarque: "C’est un spectacle qui provoque énormément de catharsis dans le public; j’en ai vu qui pleuraient du début à la fin et, en même temps, à la sortie, les gens sont très joyeux."

Enfin, comme la scène de la Bordée est plus petite que celle de l’Usine C, quelques réaménagements seront nécessaires pour la présentation de la pièce dans la Vieille Capitale. "Alors je ne sais pas trop comment ça va sortir… Et il y a quelques actrices qui ne seront pas là, donc, il y en a de nouvelles, dont certaines filles de Québec, comme Marie-Ginette Guay et Denise Gagnon; ça, c’est vraiment chouette", conclut l’artiste, apparemment aussi impatiente que nous de voir le résultat.

Les 16 et 17 mai
Soirée-bénéfice le 15 mai
Au Théâtre de la Bordée
Voir calendrier Théâtre