Micha Purucker : Le corps fait salon
Scène

Micha Purucker : Le corps fait salon

Le chorégraphe Micha Purucker présente sa plus récente création en ouverture de l’événement Montréal-Munich. Une première incursion au Canada pour cet artiste atypique dans son pays.

Dans une Allemagne encore très caractérisée par le mouvement de danse-théâtre créé par la grande Pina Bausch dans les années 70, Micha Purucker fait figure de marginal. Artiste multidisciplinaire actif et prolifique, il place le corps et le mouvement au coeur de sa démarche artistique. "Je cherchais un nom pour une plate-forme qui me permette de présenter n’importe quelle activité liée au corps, explique le quadragénaire. Une chorégraphie, une conférence, une expo photos, un film… Je l’ai appelée Living Room parce que c’est un mot qui représente bien le corps, selon moi." Cette "pièce à vivre", ce lieu de vie est précisément au coeur de Montréal-Munich 2006, qui propose deux journées de colloque sur la question du corps humain.

La pièce présentée à l’Agora dans le cadre de cet événement est donc très physique. Réunissant huit danseurs sur scène, elle expose le résultat d’un travail à partir de photographies d’archives que Micha Purucker, auteur d’une vingtaine de chorégraphies, a commencé dans sa création précédente. "J’ai d’abord voulu imaginer ce qui s’était passé avant et après le moment où le cliché avait été pris, commente le Munichois. Le processus de XXLre.enactement [la reconstitution] a d’ailleurs commencé comme ça. Mais ensuite, j’ai cherché à révéler la part invisible à l’intérieur même de la photo et j’ai travaillé sur les oppositions. Par exemple, si l’ambiance du cliché était calme, la chorégraphie ne l’est pas du tout."

Sur la centaine de photos utilisées, seulement sept figurent finalement clairement sur scène. Photos de presse illustrant des gestes ou des situations universellement reconnaissables, elles sont représentées sous forme de tableaux vivants qui se figent un bref instant avant de s’animer pour évoquer la part cachée du cliché. "Au même titre qu’un écrivain peut insérer des notes de bas de page, j’ai voulu faire une sorte de commentaire sur les photographies, précise Micha Purucker. Mais la difficulté, c’est que, visuellement, je ne disposais que d’un seul plan. Il me fallait trouver un moyen de représenter le cadre de la photo à l’intérieur de celui de la scène pour pouvoir signifier les différences d’état. Alors j’ai changé le type de présence des danseurs en jouant sur le tonus et la densité musculaire. C’est donc le tonus qui définit le cadre."

Joint par téléphone au moment de la première à Munich, Micha Purucker s’avouait curieux de la réception que lui réserverait le public montréalais et très nerveux à l’idée de se produire dans la ville où réside une figure qui l’a encouragé à suivre la voie du corps dans un milieu très théâtralisé. "J’ai vu La La La au moment où j’étudiais la danse, se souvient-il, et le travail corporel que je voyais correspondait exactement à ce que je voulais faire. On parlait alors de pureté et de violence pour qualifier ce travail, mais moi j’y voyais une tendresse qui me touchait beaucoup. Je ne voyais pas Louise [Lecavalier] sauter comme une folle, je voyais plutôt qu’il y avait toujours quelqu’un pour la rattraper. C’était géant!"

Du 17 au 20 mai
À l’Agora de la danse
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