My Fair Lady : La métamorphose
Scène

My Fair Lady : La métamorphose

Catherine Sénart sera la tête d’affiche, avec Benoît Gouin, de My Fair Lady, une comédie musicale créée en 1956 et adaptée pour le cinéma en 1964. Rencontre avec l’actrice qui chante et danse.

Catherine Sénart a une longue expérience de la scène et de la télévision, la série Marguerite Volant l’a d’ailleurs dévoilée au grand public, mais en plus, elle a expérimenté, depuis sa sortie de l’École nationale de théâtre du Canada en 1991, plusieurs rôles chantés: "J’ai fait, entre autres, Barbe-Bleue pendant six ans (on a terminé les représentations en 2003), avant il y avait eu Jeanne d’Arc au TNM et, dernièrement, toujours au TNM, Macbeth, où j’avais de grandes parties chantées", nous dit-elle. Denise Filiatrault, qui assure la mise en scène et que l’actrice estime beaucoup (notamment pour lui avoir appris à travailler un certain type d’humour), a offert ce rôle à Catherine Sénart il y a deux ans déjà, car le spectacle devait se faire l’an dernier. "C’est toujours agréable de se faire offrir un rôle, mais celui-ci m’a fait particulièrement plaisir. J’ai lu Pygmalion (qui a inspiré le texte de la comédie musicale) et vu le film avec Audrey Hepburn, et j’ai accepté immédiatement, comprenant que c’était un rôle extraordinaire." La comédienne, qui a apprécié le jeu de Hepburn, ne marchera pas dans les traces de l’actrice américaine, mais suivra plutôt précisément les indications du texte, qui parfois peuvent mener dans des sentiers similaires.

L’auteur, Alan Jay Lerner (1918-1986), rencontre le compositeur autrichien Frederick Loewe (1904-1988) en 1942 et, après quelques collaborations, ils créent My Fair Lady en 1956, qui remporte immédiatement un vif succès. "Un homme rencontre une jeune marchande de fleurs qui parle très mal et qui est très pauvre, résume Sénart, alors il fait un pari avec un ami, lui assurant qu’en six mois, il fera de cette jeune femme une dame de la haute société, une véritable duchesse. Il gagne son pari, et on voit toute l’évolution." Les gens croient que c’est une princesse hongroise, mais lui, il continue de la traiter comme une moins que rien. "Je crois que s’il lui apprend à devenir, de manière extérieure, une femme, une lady, elle devra trimer fort intérieurement pour "accoter" le personnage qu’elle s’est forgé. À un certain moment, en rentrant d’un bal – où tout le monde l’a négligée et a plutôt félicité Higgins qui, le premier, a complètement ignoré la jeune femme -, elle se rend compte qu’elle ne peut plus reculer et redevenir celle qu’elle était. Elle comprend bien qu’elle devrait s’en aller mais elle est perdue, car si elle a bien l’extérieur d’une femme de la haute, elle n’en possède pas tous les outils." Sous un nouvel angle et une nouvelle prise de conscience, "elle finit par trouver cette dignité intérieure où, enfin, le rapport maître/élève change complètement, et elle commence à prendre possession totalement d’elle-même et de tout ce qu’on lui a donné. Elle arrive enfin à dire à Higgins qu’elle peut dorénavant fonctionner toute seule, sans lui. Et c’est à partir de là, dans la comédie musicale, qu’il tombera en amour avec elle".

Catherine Sénart doit exploiter différents niveaux de langage et différentes personnalités en incarnant le même personnage. "C’est une transformation totale car elle passe d’une jeune fille à la vie dure à une femme de la haute, mais c’est vraiment intérieurement que la transformation se fait d’une manière plus pertinente. Extérieurement, malgré quelques ratés, elle arrive finalement à maîtriser ce qu’on lui a appris." C’est un peu comme jouer deux personnages: "Je pars du point A au point Z, et il est rare que des personnages de théâtre connaissent une si spectaculaire évolution, c’est aussi pour ça que j’ai accepté le rôle."

Du 16 mai au 17 juin
Au Théâtre du Rideau Vert
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