Quidam : Le Soleil de Quidam
Scène

Quidam : Le Soleil de Quidam

Avec la présentation de Quidam, le Cirque du Soleil vient célébrer le 10e anniversaire de la plus sobre de ses créations. Rencontre avec la directrice artistique, Nicolette Naum.

Le chapiteau bleu et jaune pointera bientôt le ciel dans le Parc Lansdowne de la capitale fédérale, à la veille d’une série de représentations marquant le 10e anniversaire du spectacle Quidam, qui revient tout juste de Singapour. Cette neuvième production du Cirque du Soleil, créée à Montréal en avril 1996, a depuis été présentée à plus de 3000 reprises un peu partout dans le monde.

Quidam est un mot latin qui désigne un passant anonyme, un flâneur, un être solitaire qui déambule au coin d’une rue. Dans le spectacle, ce quidam – ici homme sans tête fantomatique vêtu d’un long manteau et muni d’un parapluie – entre subrepticement dans l’univers de la petite Zoé, désillusionnée et qui s’ennuie, qui est entourée de ses parents, avec qui la communication est brisée. En laissant échapper son chapeau, le quidam permettra à la jeune fille d’entrer dans un monde fantasmagorique. "De tous les spectacles de Franco Dragone, Quidam est celui qui se rapproche le plus de la réalité. Il est moins onirique que les autres, les émotions sont très proches des gens", explique Nicolette Naum, d’abord coordonnatrice artistique à la création du spectacle et maintenant directrice artistique depuis 2005, succédant à Pierre Parisien.

"Le spectacle a pris de la maturité avec les années, ajoute-t-elle. Au début, c’était comme un jeune enfant, il avait tous les éléments, mais il lui fallait devenir mature. Comme nouvelle directrice artistique d’un spectacle déjà rodé, je devais faire en sorte qu’il continue d’évoluer. Il y a eu des changements dans la distribution depuis les débuts. La première génération d’artistes avait entre les mains, dans le corps et dans le coeur l’âme de ce spectacle. Donc, à travers les ans, il fallait s’assurer que les artistes et les numéros gardent leur essence originale, de telle sorte que la mise en scène soit respectée et que l’artiste puisse se l’approprier."

Dans l’univers de Quidam, Zoé fera la rencontre de deux personnages, l’un joyeux et l’autre mystérieux, qui tentera de la séduire en lui proposant le merveilleux, le troublant et le terrifiant. "Le spectacle met en lumière la force et la fragilité de l’être, le pouvoir, la capacité que l’on a de créer d’incroyables choses. Une certaine quotidienneté en émane aussi. Au début du spectacle, une foule d’artistes entre, en costumes blancs. Ils représentent l’anonymat, comme s’ils n’avaient pas de personnalité. Et au fil du spectacle se révèle l’unique, l’unicité, la personnalité de chacun ainsi qu’un lieu d’espoir et de communication."

LES CORDES À DANSER

Puisant dans le riche canevas de la vie quotidienne, Dominique Lemieux a créé des costumes faisant écho aux textures et aux teintes bigarrées d’une mégalopole. "Il y a une grande sobriété dans les costumes, qui ne sont pas aussi explosifs que ceux des spectacles précédents du Cirque, constate la directrice artistique. Du fait de cette préoccupation de l’anonymat, du fait de la vie de tous les jours, de la grisaille. Une grande sobriété donc, à travers laquelle il y a des explosions de couleurs."

Alliant acrobatie et maîtrise technique, Quidam met en scène des numéros de roue allemande, de banquine, de cordes lisses, de diabolo et de contorsion air et soie. Sans oublier les numéros de clowns charismatiques, Les Don Quijotes, le tout sur une musique envoûtante, jouée en direct. Un des numéros se démarquant particulièrement de la production est celui de la corde à danser, qui fait de ce jeu d’enfant un exploit chorégraphique, avec 20 acrobates. "La plupart des personnages de Quidam se trouvent dans ce numéro… Une certaine nostalgie en découle, puisque ça fait référence à nos mémoires d’enfance, de la cour d’école, de la ruelle ou de la rue où on jouait, en plus des sentiments de légèreté et de plaisir rattachés à ce numéro."

Nicolette Naum signale d’autres numéros évocateurs et marquants pour elle: "Il y a un numéro de contorsion dans le tissu où une femme raconte sa vie. C’est d’une sobriété incroyable, ce grand tissu rouge et cette femme qui, à travers des mouvements, fait passer des émotions, des luttes, des espoirs, des désespoirs. Il y a aussi le numéro de main à main exécuté par un homme et une femme d’une lenteur presque hypnotique, qui présente une relation entre deux individus, la complicité… Il n’y a presque pas de musique dans le numéro, le silence contribue à la perception de l’intimité, qu’il est possible de matérialiser quand deux éléments, deux humains, s’harmonisent. Finalement, il y a le dernier numéro de banquine, qui, par la chorégraphie, la musique et les costumes, est une incroyable exécution pleine d’humanité qui mène à l’explosion de l’exploit, mais en même temps à des émotions", conclut-elle.

Du 18 mai au 25 juin
Au Parc Lansdowne
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