Mathieu Gosselin : Sur les traces de Persée
Scène

Mathieu Gosselin : Sur les traces de Persée

Mathieu Gosselin collabore avec le Théâtre de la Pire Espèce depuis plusieurs années. Il fait le point sur Persée, la toute nouvelle fable archéo-mythologique que la troupe présentera au Carrefour cette semaine.

Le Théâtre de la Pire Espèce s’est notamment fait remarquer ces dernières années par son savoureux Ubu sur la table. Cette adaptation irrévérencieuse du texte de Jarry a connu un cycle de vie impressionnant, avec plus de 300 représentations des deux côtés de l’Atlantique. Forte de cette expérience pour le moins concluante, la joyeuse équipe de comédiens-manipulateurs-auteurs formée de Francis Monty, Olivier Ducas et Mathieu Gosselin récidive dans l’univers du théâtre d’objets en plongeant cette fois-ci dans la création pure.

"On travaille toujours de façon peu orthodoxe", commente Mathieu Gosselin, joint entre deux prestations de Romances et Karaoké. "Cette fois-ci, on voulait que notre spectacle se base sur une action théâtrale au lieu d’une histoire. On a pris pour point de départ la décapitation. On trouvait que c’était le geste à la fois le plus anti-théâtral – on ne peut pas décapiter un comédien sur scène – et à la fois le plus théâtral, parce qu’il force à la suggestion et à l’allégorie. En faisant des recherches, on a trouvé de nombreux épisodes sanglants, mais on trouvait que le plus intéressant était celui de la rencontre entre Persée et Méduse."

Une fois la décapitation idéale retracée, les trois comparses ont poursuivi leurs recherches autour de la légende de Persée afin de déterminer le fil conducteur de leur récit. "Quand on interroge un mythe, c’est important de se demander quel écho il peut avoir aujourd’hui, poursuit le comédien. Toute l’histoire de Persée, de l’oracle qui annonce à Acrisios que son petit-fils va le tuer jusqu’à sa fin seul sur le trône avec la tête de Méduse, est en fait une quête pour comprendre ses origines et devenir un homme. C’est sur cette quête existentielle qu’on a construit notre histoire."

Question de donner un éclairage ludique au mythe, les comédiens ont créé les personnages de trois archéologues qui tentent de prouver que Persée a bel et bien existé. "On les a situés à Londres, au début du XXe siècle. Ils ont une méthode de travail plutôt inusitée: ils pratiquent l’archéologie par correspondance! Ils se font livrer des caisses de terre avec des artefacts dedans, en espérant trouver des traces de l’existence de Persée. Un jour, ils reçoivent des masques de pierre. En les étudiant, ils s’aperçoivent qu’ils sont faits d’un amalgame de roche et de cellules vivantes…" Amalgame pour le moins particulier lorsque l’on parle d’une méduse!

Au-delà du récit, c’est par l’intelligence déployée dans son théâtre d’objets que le Théâtre de la Pire Espèce s’est fait connaître. Après 35 représentations de Persée, le spectacle commence à prendre ses marques. "On travaille beaucoup sur le mode du work in progress. Ubu a pris près de 80 shows pour trouver sa forme finale. Pour nous, le meilleur test artistique demeure la présence du public. On se garde toujours un espace de liberté pour évoluer, et c’est généralement au contact du public qu’on nourrit le spectacle." Si Persée est à l’image d’Ubu sur la table, la fête s’annonce surprenante.

Les 23, 24 et 25 mai
Au Complexe Méduse
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