Alvis Hermanis : Les choses de la vie
Scène

Alvis Hermanis : Les choses de la vie

Alvis Hermanis est directeur artistique du Jaunis Rigas Teatris, de Lettonie. Après Revidents, un des succès du Carrefour 2004, la compagnie présente Gara Dzive (Longue est la  vie).

Spectacles singuliers, les productions du JRT sont acclamées en Lettonie et à l’étranger. "Nous faisons, vraiment, un théâtre très étrange", avance Alvis Hermanis, considéré en Europe comme un des metteurs en scène les plus créatifs de l’heure.

Spectacle sans paroles, Gara Dzive présente la journée de cinq vieillards habitant ensemble dans un petit appartement encombré, journée rythmée par les actions quotidiennes, les gestes de la routine. Autour d’eux, des montagnes d’objets, liés au quotidien, et par lesquels ils communiquent.

Gara Dzive est né du désir, de plus en plus important pour le metteur en scène et sa compagnie, de parler de l’intimité. "Dernièrement, je me suis surtout intéressé aux espaces privés, à ce que les gens font à la maison: à la vie secrète de chacun de nous. Dans ce cas-ci, il y a aussi mon intérêt pour les vieillards. Je crois que les gens âgés sont toujours plus intéressants que les jeunes: quand ils tombent amoureux, par exemple, parce que pour eux, la valeur, le prix de chaque chose est plus élevé. Je ne l’ai pas expérimenté moi-même, mais j’imagine que vieillir sera une expérience tragi-comique. Le spectacle est plein d’émotions: rire et larmes en même temps."

Outre son intérêt personnel pour le sujet, Alvis Hermanis en constate l’actualité. "Maintenant que nous avons joué dans plus de 20 pays, je vois que le sujet devient très important dans notre civilisation: dans le futur, les gens âgés constitueront la majorité de la population, ce qui aura des conséquences importantes sur l’économie, la société, tout." Le spectacle provoque, partout où il passe en Europe, des émotions semblables chez les spectateurs, tous y reconnaissant leur façon de délaisser leurs aînés.

Le spectacle résulte d’une année de travail. "Nous avons fait des recherches très sérieuses. Les acteurs ont passé beaucoup de temps dans des résidences pour personnes âgées. La scénographie est faite des milliers de petites choses que les gens âgés ramassent. En ce sens, notre spectacle est comme un spectacle réalité ou encore comme de l’art visuel, comme une grande installation."

"Le théâtre, en Europe, a longtemps été très politique, social. Il avait alors un grand impact, qu’il n’a plus. Maintenant, les passions montrées sur scène ne peuvent plus être idéologiques. Le seul territoire où les passions existent encore, je crois, est notre vie privée, très intime. Je crois que le drame de chaque personne vivant aujourd’hui est assez important pour être présenté sur scène. C’est ce que nous avons fait, dernièrement: nos acteurs passent plus de temps non en salle de répétition, mais à regarder et à suivre des gens dans la rue. Puis ils reviennent, nous ramassons ces histoires, les sélectionnons et essayons de les transformer en images poétiques. Ce que nous faisons est beaucoup plus proche de la recherche anthropologique que du théâtre "normal"."

Les 26, 27 et 28 mai
Au Grand Théâtre
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