Dracula : Bon sang!
Scène

Dracula : Bon sang!

La machine Dracula s’amène chez nous avec son impressionnante distribution de vedettes de la chanson québécoise.

L’affiche a de quoi convaincre les plus récalcitrants: Daniel Boucher, Sylvain Cossette, Gabrielle Destroismaisons, Pierre Flynn, Bruno Pelletier et Andrée Watters sont réunis sur une même scène pour raconter le mythe réactualisé de Dracula. Sans oublier Elyzabeth Diaga, Brigitte Marchand et Rita Tabbakh, qui incarnent les trois vampiresses. Dracula: entre l’amour et la mort est présenté trois soirs d’affilée, avec une supplémentaire samedi après-midi, au Théâtre du Palais municipal à La Baie. Il s’agit d’un lieu de représentation, après Sherbrooke et Montréal où il a connu beaucoup de succès.

L’instigateur du projet, Bruno Pelletier, a consacré deux ans de sa vie à la création de ce spectacle avant d’en présenter le résultat sur scène. Quand il est allé courtiser les interprètes, il n’avait même pas encore de chansons à leur mettre sous la dent. Une confiance mutuelle s’est installée, une grande famille s’est créée et le résultat a finalement outrepassé ses projections. "Je voyais un spectacle un peu plus petit, avoue-t-il. Je me plais souvent à dire que ça ne m’appartient plus." Coproducteur avec Zone 3, directeur artistique et interprète de Dracula, Bruno Pelletier s’est entouré d’une solide équipe d’artistes et artisans: Roger Tabra aux textes, Simon Leclerc à la musique, Gregory Hlady et Erick Villeneuve à la mise en scène ainsi que Louis Gagné à la voix et à la manipulation de la marionnette narratrice. "On a pris des risques, et je suis très fier de ça", lance Pelletier en sirotant un thé vert lors d’une éreintante journée de promotion. Se nourrissant de livres sur le vampirisme et sur Dracula, Bruno Pelletier a choisi de camper l’intrigue de son show en 2050. "Je voulais m’éloigner des clichés de l’époque victorienne dans lesquels Dracula a toujours baigné."

Bruno Pelletier avoue avoir vécu l’angoisse avant que le show ne prenne son envol, allant même jusqu’à perdre l’appétit, le sommeil et du poids. "Les dernières semaines [avant la première] ont été extrêmement difficiles, souligne-t-il. Je portais beaucoup de chapeaux en même temps. Et il fallait que je sois bon. J’avais peur de ne pas être un bon Dracula." Ses craintes se sont toutefois estompées devant les réactions du public et de la plupart des critiques.

Alors que se poursuit la tournée québécoise, Bruno Pelletier souhaite que l’épopée de Dracula se prolonge jusqu’en Europe et connaisse même une deuxième vie en anglais. "J’aime bien rêver que Dracula va sortir du Québec."

AVOIR LES DENTS LONGUES

Il n’y a pas à dire, le classique revampé Dracula: entre l’amour et la mort en met plein la vue: projections d’images fixes ou mouvantes, captations en direct par mini-caméra, scènes pré-filmées, jeux de lumière tape-à-l’oeil… L’emballage du spectacle est constitué de plusieurs couches sous lesquelles se perd parfois l’histoire de Dracula, ce comte errant pour l’éternité à la recherche de son amour, Mina (Andrée Watters), la femme qui l’a jeté dans cet état.

Cette surenchère d’effets visuels semble d’autant plus superflue que le spectacle est porté par de grandes voix justes, puissantes et émouvantes. Alors que certains chanteurs semblent plus ou moins à l’aise dans leurs habits d’acteurs, d’autres se révèlent dotés d’un talent surprenant. Notamment Daniel Boucher, qui campe le rôle de Renfield, un photographe traître et toxico, avec une allure féline, une désinvolture naturelle et une souplesse vocale et physique étonnante. Et que dire de Bruno Pelletier: tout de cuir vêtu, sexy et tourmenté, il prête à Dracula sa voix et son corps magnifiques. Plus figé, Sylvain Cossette nous éblouit pourtant avec son timbre cristallin, son interprétation de Mina constituant l’un des points forts de ce drame musical.

Car des chansons fortes, il n’y en a pas des tonnes dans ce spectacle, qui aurait gagné à être épuré tant du point de vue visuel que musical, certaines pièces tombant à plat. On se désole d’ailleurs d’entendre si tôt la superbe Nous sommes ce que nous sommes. On l’aurait souhaitée à la toute fin, terminant le spectacle en apothéose.

Mais de voir tous ces interprètes réunis sur une même scène, même s’ils sont ensevelis sous un magma d’effets visuels, vaut le coût du billet, qui entraîne, disons-le, une petite saignée du portefeuille.

Les 25, 26 et 27 mai
Au Théâtre du Palais municipal
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