Alexis Martin / Daniel Brière : Têtes de réseaux
Appuyé par Roger Léger, le duo Alexis Martin / Daniel Brière nous entraîne dans un univers libre, aussi drôle qu’intelligent et visuellement intéressant, sur le monde des réseaux.
"Grid" veut dire grille en anglais, c’est le nom que donnent les éclairagistes au quadrillage sur lequel on accroche les projecteurs et autres éléments mécaniques qui servent à soutenir techniquement une pièce de théâtre. Et avec la pièce Grid, cette grille, justement, devient non seulement le principal élément visuel, qu’on utilise brillamment d’un tableau à l’autre, mais elle sert aussi de passeur, de lien entre ces sketchs qui s’entrecroisent. Par un système d’élévation et de juxtaposition des grilles, on voit les réseaux qui se créent et ceux qui cohabitent. Loin d’être insistante, la métaphore suggère comme elle intrigue, et procure à l’objet théâtral une ambiance intimiste et un climat de confiance très permissif. En participant à cette expérience, le spectateur a l’impression de faire partie d’un réseau, lui aussi.
Une des réussites de cette nouvelle pièce du Nouveau Théâtre expérimental, signée Brière / Martin, réside justement dans cette espèce de contrat, ce pacte qu’il y a entre le spectateur du NTE et la compagnie, dirigée par le tandem et Marthe Boulianne. La troupe fait confiance aux spectateurs, et la convention dévoile un espace de liberté et de création permettant d’aller loin dans la recherche et l’humour. On se permet d’imiter un metteur en scène connu ou d’inviter sur scène le docteur Patel du gouvernement indien, en évitant le mépris, mais pas le malaise. On joue d’ailleurs efficacement sur plusieurs malaises, notamment lorsqu’il est question de DPJ (tous les réseaux y passent!); mais d’avoir un représentant de l’Inde qui semble faire totalement digression et dont on comprend à peine la présence et la communication (en anglais, avec un fort accent indien) nous renvoie immédiatement à l’idée que le monde des communications, des réseaux de téléphonie, est beaucoup établi là-bas, et qu’un léger problème ici, un malentendu avec une compagnie occidentale dont le service à la clientèle est installé là-bas, peut se solder par une incompréhension générale. Bref, un bon spectacle qui divertit et pousse la réflexion sur tous les types de réseaux, bons ou mauvais.
Jusqu’au 18 juin
À Espace Libre
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