Fleurs d'acier : D'acier trempé
Scène

Fleurs d’acier : D’acier trempé

Fleurs d’acier, première pièce montée par le Théâtre A priori, pourrait bien arriver à séduire un public de non-initiés et de téléphiles. Un heureux départ pour cette compagnie de théâtre encore naissante.

"Est-ce le théâtre qui ressemble à la vie, ou la vie qui ressemble au théâtre?" s’interroge Ricky Tremblay, metteur en scène de la première pièce du Théâtre A priori (TAP). Nous sommes souvent tentés de croire que c’est le théâtre qui imite, mais allez savoir! Après avoir assisté à Fleurs d’acier, force est d’avouer que la question n’est pas si facile à trancher. Les prétentions réalistes de la production imposent un regard sur notre propre vie, qui surprend parfois par ses coups de théâtre…

Dans Fleurs d’acier, un salon de coiffure devient le centre névralgique d’un groupe de femmes plus intéressées par le commérage que par une mise en plis. "Si vous n’avez rien à dire de gentil sur personne, venez qu’on en jase un petit peu ensemble…" lance à la blague l’une des clientes. Dans ce monde de superficialité assumée – Thérèse, la propriétaire du salon, tente d’inculquer sa devise à son apprentie: "La beauté naturelle, ça n’existe pas!" -, les sujets les plus légers (coiffure, crèmes, manucure, recettes, SPM, rides) côtoient des réalités plus dures (solitude, maladie), faisant balancer la salle entre le rire et le serrement de gorge.

D’entrée de jeu, Tremblay explique qu’il a voulu "donner aux spectateurs l’impression d’assister à un téléroman live". L’effet est plutôt réussi, alors que le spectateur peut parfois croire qu’il est lui-même figurant. Or, dans un véritable téléroman, le cadrage de la caméra restreint le regard à ce qui est essentiel, ce qui n’est pas le cas au théâtre. Certaines comédiennes, jouant d’une façon tout à fait professionnelle lorsque vient le temps de proférer leur texte, auraient peut-être eu avantage à travailler un peu plus leur figuration silencieuse. Par contre, l’adaptation du texte de Robert Harling à la scène régionale contribue pour beaucoup au réalisme recherché par le metteur en scène, donnant cette étrange impression que ces femmes ne nous sont pas inconnues…

Outre la performance remarquable de Maud Côté (Louisette), arrivant à rendre sympathique son personnage de grincheuse acariâtre, la jeune Élisabeth Dumont, incarnant une Maude nubile et délicate, fait preuve d’une assurance et d’une aisance remarquables. Au-delà de quelques détails techniques qui pourraient être améliorés (la sonorisation, entre autres), le TAP semble faire son premier pas dans la bonne direction…

Jusqu’au 4 juin
Au Centre culturel d’Alma
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