Margie Gillis : Pierre précieuse
La chorégraphe Margie Gillis, certainement une des visites les plus attendues de cette édition du Festival Danse Canada, présente un programme mixte, dont trois pièces en primeur. Rencontre.
Issue d’une famille d’athlètes, Margie Gillis a depuis longtemps trouvé dans la danse le parfait mariage du corps et de l’esprit qu’elle exprime dans ses créations depuis maintenant 30 ans. Très sensible à la condition de l’Homme, cette chorégraphe anglophone crée de véritables petits bijoux dont on dit qu’ils touchent directement à l’âme. "C’est mon défi, c’est mon besoin. Je trouve parfois la vie difficile et, pour moi, avoir la chance de réfléchir à la vie, de me souvenir de toute sa beauté, du miracle que nous sommes, c’est très précieux", explique cette francophile, de son joli accent.
Au programme de la soirée donc, les primeurs When Skin Seperate from Bones, sur une musique de Gordon Monahan, Broken Stone, sur des musiques de Kilmartin archeological, ainsi qu’Observations from the Horizontal Vocabulary, sur des extraits d’une pièce de Larsen Lupin. S’ajoutent à cela les pièces Breathing in Bird Bone, sur une partition de Gaétan Leboeuf, A Complex Simplicity of Love, sur Haendel interprété par Suzie Leblanc, et What the Wind Whispers, sur Brahms interprété par Jessye Norman. "Les thèmes de l’esprit, de l’âge, de la sagesse, de la nature, de la compassion, de la connexion avec plus grand que nous sont abordés dans ces pièces", observe Margie Gillis, en ajoutant que ses costumes ont tous été confectionnés par des designers canadiens. "C’est important pour moi de changer de costume chaque fois, parce que je crée mes pièces comme des petits poèmes, et le spectacle en est l’anthologie en quelque sorte. Et je suis certainement plus une auteure de poésie que de romans!" illustre-t-elle en ricanant.
Cette directrice artistique d’une compagnie qui porte son nom, qui a aussi touché au théâtre, à l’enseignement, et qui a été récemment nommée au conseil d’administration de la Place des Arts de Montréal, a pour philosophie principale de "danser de l’intérieur vers l’extérieur". Inspirée par les milieux naturels, Gillis crée souvent en pleine nature, comme ça a été le cas pour la chorégraphie Broken Stone, qui a vu le jour dans une carrière de la Norvège. "Je pense que la nature a plus de sagesse en ce moment que l’Homme. Et je trouve que l’on perd cela, notre relation avec la nature."
Margie Gillis n’entre jamais dans une oeuvre à moins d’être en état d’extrême vulnérabilité et dit toujours enfiler l’enveloppe d’un personnage pour ce faire. "Chaque danse devient un petit monde, ça devient subjectif dans un sens. Le personnage me permet aussi de revisiter des oeuvres comme Matilda, créée il y a 25 ans; je peux encore la danser parce que ce n’est pas moi", note la chorégraphe à la jeune cinquantaine qui n’est pas près de s’arrêter de danser. Elle se dit tout de même découragée de la charge administrative que représente une compagnie de danse, et du peu de ressources dans le domaine. "C’est juste trop de travail de papier et pas assez de temps pour danser, regrette-t-elle. Malgré tout, j’adore ce que je fais et je pense parfois aux arbres qui ont besoin eux aussi d’un spectacle de temps en temps", rigole-t-elle.
Le 3 juin à 20h30
Au Théâtre du CNA
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