Mireille Baril : Ce soir, on danse
Véritable soleil, Mireille Baril brille de tous ses feux. Active dans le milieu de la danse régional et provincial, elle semble prendre littéralement le plancher! Rencontre à la veille du FIDE.
Avec sa chevelure noir de jais, sa haute stature et ses yeux pétillants, Mireille Baril passe difficilement inaperçue. Plusieurs raisons autres que son joli minois expliquent cependant que la jeune femme profite d’une lumière de plus en plus vive. Fort engagée dans le milieu de la danse, elle est à la fois enseignante dans une école de danse de la rive-sud, directrice artistique de la compagnie professionnelle de l’Astragale, membre du conseil d’administration du Regroupement québécois de la danse et interprète de la compagnie montréalaise Échine Dõ. "Là, on a répété hier. C’est pour ça que je fais dur de même!" rit-elle en pointant des cernes à peine visibles.
Au départ, Mireille Baril rêvait seulement d’être interprète. Pour réussir à gagner sa vie, elle a dû explorer d’autres sphères de la danse, dont l’enseignement. "Je pense que j’ai réussi à être interprète parce que j’ai fait plein d’autres affaires." Une ouverture d’esprit qui l’a amenée à comprendre pourquoi elle aimait faire ce métier. "Je crois beaucoup que le corps est relié à la personnalité, à nos émotions. Quand tu as une émotion, ça se traduit dans le corps, et inversement. (…) Moi, ça me fait évoluer personnellement. J’entendais quelqu’un de théâtre dire ça aussi – je pense que c’est Rémy Girard -, mais c’est comme une thérapie."
DE L’ÉCOLE AU FIDE
Dans le cadre du Festival international de Danse Encore (FIDE), Échine Dõ a été invité à se produire à la Maison de la culture de Trois-Rivières, le samedi 10 juin. Le spectacle affiche déjà complet. Créé en 1999 par Annie De Pauw, Isabelle Marcotte, Manon Sylvestre, Judith Baribeau (qui a aujourd’hui quitté le groupe) et elle-même, ce collectif a su contrer tous les obstacles engendrés par le manque d’expérience. "C’est très difficile de percer en danse. Souvent, quand tu sors d’une école, il faut que tu fasses tes preuves, et les chorégraphes ne t’engagent pas tout de suite, t’engagent comme apprentie ou attendent juste que tu aies de l’expérience. C’est très long des fois. Nous, on s’est dit qu’on n’attendrait pas. On a lancé une petite compagnie et on a engagé des chorégraphes. Et autre chose, on ne voulait pas danser pour n’importe quel chorégraphe. (…) C’est un peu ça qui fait notre particularité: on a inversé les rôles. On auditionne les chorégraphes!" lance-t-elle à la blague. Harold Rhéaume et Lucie Boissinot ont été les premiers créateurs à collaborer, et ce, même si la compagnie était alors sans le sou. "On a réussi à les payer à la fin avec la billetterie et les bourses qu’on avait reçues", se rappelle Mireille Baril.
Depuis leurs débuts quelque peu audacieux, les finissantes des Ateliers de danses modernes ont donné une âme à quatre productions. À Trois-Rivières, elles en mixeront deux. À la demande de la directrice du FIDE, Claire Mayer, elles interpréteront deux oeuvres de Mélanie Demers, soit Mayday mayday et Le Même Ciel. "On a fait ça pour plein de raisons. Mais, surtout, parce que la clientèle du festival, c’est des jeunes qui viennent des écoles et qui connaissent peut-être un peu moins bien la danse moderne. Et les pièces de Mélanie bougent beaucoup. Les gens s’y reconnaissent. Ce n’est pas trop abstrait." Des images fortes et sensuelles émergent des pièces de la chorégraphe, membre de la compagnie O’Vertigo. "Les pièces de Mélanie sont hyper humaines. Ça reflète les gens de la vie", ajoute Mireille.
Mayday mayday, riche en symboles et en acrobaties, a un je-ne-sais-quoi de militaire, tandis que Le Même Ciel parle des relations humaines: "Le Même Ciel, ça, c’est l’une de nos pièces fétiches. C’est l’idée que tout le monde vit sous le même ciel, que pendant qu’on se parle présentement, une femme est en train d’accoucher, quelqu’un d’autre est en train de mourir… Ça parle de cette synchronicité-là. (…) On est dépendants des relations humaines."
OUVRIR LE BAL
"Je vais avancer quelque chose, mais c’est vraiment moi qui pense ça. Les Nord-Américains, on est moins aptes à regarder de la danse. Le langage corporel nous parle moins. Je suis allée en Europe et j’ai senti que les gens étaient plus éduqués à ça. (…) Mais depuis une couple d’années, on sent qu’il y a un engouement pour la danse. Le Match des étoiles, à la télé, ça aide", soutient la directrice artistique de l’Astragale. Et est-ce que le FIDE profite aussi au rayonnement de la danse? Mireille Baril répond par l’affirmative. "Ce festival-là, particulièrement, touche les jeunes du Québec. Parce qu’on va chercher les écoles de danse de partout à travers la province. Donc, il y a du monde du Lac-Saint-Jean qui vient, de Baie-Comeau, de Sept-Îles… Ces gens-là ne se déplaceront pas pour un autre festival. Ils vont venir à Trois-Rivières parce qu’il y a des choses axées pour eux. Ce ne sont pas juste des professionnels. Il y a aussi des amateurs. Tout est mélangé. Oui, il y a les compétitions, oui, il y a les shows. Mais il y a tellement une variété, ici, de tous les styles de danse, que ça donne lieu à de belles rencontres."
Le 10 juin à 19h
À la Maison de la culture de Trois-Rivières