Sylvie Desrosiers : Bal marin
Avec Flots, Sylvie Desrosiers ouvre la porte sur les confins d’une grande hantise de jeune mère: la perte d’un enfant. Rencontre avec la chorégraphe d’Ottawa.
C’est en réponse à une commande de Brian Webb et du Festival Danse Canada (FDC) que la chorégraphe d’Ottawa Sylvie Desrosiers a créé Flots, dont une première ébauche avait été présentée l’an dernier dans l’entre-deux du festival biennal. "La première ébauche s’est rendue jusqu’à un festival à Vancouver, et peut-être que la version finale ne se rendra nulle part!" ironise celle qui a ajouté une demi-heure à ce premier jet, fignolant et polissant la pièce. "Flots a émergé d’un rêve récurrent, tu sais le genre qui te réveille en sueur, en panique, où tu ne peux plus respirer? Je suis avec ma petite fille dans l’océan et on est en train de se noyer. Le fait est que la seule personne que je peux sauver, c’est moi: alors, ou bien on se noie toutes les deux ou bien je la laisse aller et je sauve ma peau. En me réveillant, il y a plein de choses qui me viennent à l’esprit… Est-ce que l’instinct de survie prendrait le dessus? Mais ce serait épouvantable!" lance-t-elle. "Et donc, tu laisses aller l’imaginaire et tu te dis: "Si seulement je pouvais me métamorphoser en poisson!" Donc, dans la pièce, il y a un peu de ça: la métamorphose de l’humain dans l’univers marin."
Sylvie Desrosiers a aussi choisi d’utiliser du texte dans sa pièce, alors qu’une des interprètes sortira de l’univers du rêve pour en faire le récit. Aussi, des extraits d’un livre de Nicole Dumoulin, Ces artefacts que nous taisons, sont intégrés à la trame musicale – créée par Joël Dazé et Peter Storzenecker. "J’ai étudié au secondaire avec Nicole, j’ai aussi travaillé avec elle à AxeNéo7 et j’avais acheté son livre lors d’un salon. Et sans doute qu’elle a été inspirée par les moments intenses qu’elle a vécus auprès de son fils qui a été malade, parce qu’il y a ce côté de protection de l’enfant et de survie. Il y a aussi des bouts de texte qui traitent de poissons à la bouche béate qui tourbillonnent dans l’eau", relate Sylvie, qui s’est entourée des mêmes cinq interprètes que lors de la première ébauche – soit Holly Deline, Jacqueline Ethier, Kate Hilliard, Julie-Anne Ryan et Maureen Shea. "Autant que la pièce amène le trouble, la peur, l’indécision, il y a aussi le soutien des autres, le fait d’essayer de vouloir s’en sortir à cinq, un certain effet d’entrainement aussi".
Et pour cette chorégraphe qui a fait ses débuts auprès de Peter Boneham au Groupe Lab et qui a mis sur pied le programme de formation professionnelle en danse contemporaine à The School of Dance en 1995, le festival est une occasion en or d’échanger avec ses collègues du monde de la danse. "Juste d’avoir Paul-André Fortier ici en train de travailler avec mes étudiants, c’est exceptionnel! C’est bien stimulant puisqu’on se revoit, tout le monde, puis on voit l’un et l’autre danser, puis après on se rencontre pour un café…"
Le 3 juin à 19h
Au Studio du CNA
Voir calendrier Danse