Le Festival Fringe : Pochette-surprise

"Le Fringe est un festival des arts de la scène ouvert à n’importe qui et où on peut présenter n’importe quoi. […] Certains spectacles seront frais et croquants, d’autres un peu trop verts et d’autres encore, peut-être un peu trop mûrs ou fanés. Mais nulle tomate n’est trop pourrie pour être lancée au Fringe!" avertissent les organisateurs du Festival St-Ambroise Fringe de Montréal.

Du 8 au 18 juin, ce festival d’expression libre bilingue exempt de direction artistique et de comité de sélection, et où les spectacles présentés sont choisis par tirage au sort, est de retour à Montréal pour sa 16e édition. Créé en 1947 à Édimbourg, en Écosse, par des artistes qui se sentaient exclus du festival international de théâtre, ce "festival de la marge", qui a attiré près de 53 000 visiteurs en 2005 à Montréal (dont 20 000 pour la billetterie payante), compte aujourd’hui plus de 30 éditions de par le monde. Un quart des spectacles proviennent du Québec francophone, un autre quart du Québec anglophone, un quart du Canada hors Québec et le reste des spectacles sont internationaux. Au total, 97 compagnies se produiront dans 19 salles éparpillées sur le Plateau Mont-Royal et sur les scènes extérieures du parc des Amériques. Les troupes, en échange d’une cotisation, récoltent l’ensemble des recettes des spectacles et fixent elles-mêmes le prix des billets en dessous du seuil maximum de 9 $. Un tarif qui doit permettre aux festivaliers de prendre des risques!

Du côté des productions québécoises francophones, l’Absolu Théâtre et le metteur en scène Serge Mandeville célèbrent le centenaire de la naissance de Samuel Beckett en présentant une de ses pièces expérimentales, Comédie, où trois têtes placées dans des urnes funéraires livrent au public de terribles confessions sous la torture d’un rayon lumineux inquisiteur. Le Théâtre de la Subvention présentera également sa dernière création, écrite et mise en scène par Patrick Plouffe, Au bout du wrench (Tragédie de cour à scrap en quatre morceaux), racontant le douloureux dialogue entre Ben et son frère Jean, de retour dans son village natal après trois ans d’exil, autour du vieux char cabossé de leur père.

Le Fringe sera également l’occasion de découvrir le travail d’artistes de la relève. La jeune auteure Camille Desrosiers-Gaudette et ses deux comparses comédiennes des Gorgones de Thulé présenteront Gorgones, une pièce brossant le portrait de leur génération, celle des 18-24 ans, tandis que les étudiants de l’Option-Théâtre du Collège Lionel-Groulx interpréteront plusieurs variations autour du thème de la tragédie et du personnage d’Iphigénie: l’Abat-Jour Théâtre présentera Les Filles d’Agamemnon, écrit et mis en scène par Simon Boulerice, et le Théâtre Bukkake partira à la rencontre de Jean Racine dans Tragédiiiiii-ha!.

Si vous êtes à la recherche de nouvelles sensations théâtrales, ne manquez pas le parcours immersif et interactif conçu par Éric Paul Parent et le Théâtre Fractal dans Chronos, une pièce de théâtre dont vous êtes le héros, ni le spectacle de rue musical et théâtral La Grosse, présenté par les compagnies Toxique Trottoir et Les Conques claquent et mettant en scène une femme se lançant dans un régime aux petits pois le temps d’un show de télé-réalité joué en plein air. Mais cette année, c’est sans doute du côté anglophone qu’on retrouvera les spectacles les plus innovateurs et farfelus: Ladies Room de Caitlin Murphy (Small Pond Productions) explorera l’univers merveilleux des toilettes des femmes, Radio Daze évoquera une émission de radio à l’ancienne dans une série de sketchs et d’improvisations menés par Without Annette, et Keir Cutler, un habitué du Fringe de Montréal, reviendra avec son nouveau solo Teaching As You Like It, dernier volet de sa trilogie autour de Shakespeare et de l’enseignement du théâtre dans une école secondaire. À vos marques… www.montrealfringe.ca

Du 8 au 18 juin
Divers lieux
Voir calendrier Théâtre