Ligue nationale d'improvisation : Les grands ducs
Scène

Ligue nationale d’improvisation : Les grands ducs

La Ligue nationale d’improvisation (LNI) offre dans le cadre du Grand Rire un tournoi mémorable. Aucune équipe, aucun coach, que des joueurs – et quels joueurs! – qui s’affrontent un contre un dans un tournoi échelonné sur plusieurs jours au Cabaret du Capitole, spécialement aménagé pour l’occasion.

On appelle ça revenir en force: la LNI est de retour à Québec après 20 ans d’absence en offrant une programmation haut de gamme. Dans le milieu, improviser sous différentes contraintes et sous différentes formules, ils appellent ça un concept, mais là, c’est tout un concept! Des matchs un contre un, réunissant au total huit des joueurs les plus talentueux de la ligue, orchestrés par nul autre qu’Yvan Ponton, l’arbitre aussi célèbre que la LNI elle-même. Ces huit joueurs, choisis parmi plusieurs générations de comédiens, sont des pointures: Frédéric Barbusci, Vincent Bolduc, Réal Bossé, Édith Cochrane, Salomé Corbo, Éric Desranleau, Sylvie Moreau et Luc Senay.

Cette année, le Grand Rire prend plus que jamais sa place avec des scènes consacrées à la relève en humour, ou aux humoristes internationaux et à l’humour anglophone. Même que l’organisation du Grand Rire a tenté de faire venir Dieudonné pour l’occasion, lui qui est théoriquement l’exclusivité du géant Festival Juste pour rire… Avec le Tournoi des maîtres, on élabore en plus un événement complètement original, susceptible de compenser les traditionnels galas, parfois redondants. L’occasion de rire sincèrement cette fois, et d’assister à un spectacle créatif aux finalités imprévues, bref, d’être témoin du meilleur de l’improvisation.

"Le Tournoi des maîtres, on peut appeler ça une première. Ça n’avait jamais été fait avant", nous confie Yvon Leduc, co-fondateur avec Robert Gravel de la LNI, rencontré au Cabaret du Capitole au mois de mai dernier. "Nous cherchions, Sylvain Parent (ndlr: le président du Grand Rire de Québec) et moi, une façon d’organiser quelque chose de vraiment spécial pour le retour de la LNI à Québec. Puis on a eu cette idée de mettre sur pied un tournoi d’impro classique, mais version solo, avec des impros courtes et longues, pour mettre davantage à l’avant-plan le talent des joueurs et en même temps pour que les gens s’y retrouvent." Oser, tout en assurant un bon spectacle, une formule qui devrait plaire aux fans et au grand public. Qu’ils connaissent bien ou moins bien le style de jeu personnel de chacun, les joueurs auront à faire preuve de toute la complicité dont ils seront capables.

C’est vrai, tout est fait pour livrer du grand spectacle. Échelonné sur trois jours, le Tournoi des maîtres fera dans la performance mixte comme comparée, dans l’humour et dans le drame: les joueurs seront mis à l’épreuve et l’esprit de compétition sera à son paroxysme. C’est un tournoi qui constitue une curiosité en soi, dont l’arbitre – sorte de grand orchestrateur désigné – favorisera l’éventail créatif et la rigueur du jeu.

"Il n’y aura pas de lendemain", menace Yvan Ponton, espiègle. L’arbitre souligne que sans coach, les joueurs devront tout donner pour redoubler d’inventivité, pour séduire le public. "Imaginons-nous un instant dans le public, devant départager Réal Bossé et Sylvie Moreau, par exemple…" dit l’arbitre, qui jure que si les matchs sont bons et les joueurs éloquents, il interviendra le moins possible. C’est sans compter qu’il s’est promis d’arbitrer "serré", afin que les joueurs soient tout de suite dans le match… Bref, de bons joueurs, et un directeur artistique sensible aux exigences de sa tâche, qui compte bien multiplier les variations à l’intérieur de la formule.

Au téléphone, Édith Cochrane avoue qu’elle ne dort plus. Mais c’est surtout d’impatience, car celle qui a tenu un rôle dans plusieurs miniséries, comme Rumeurs, Casino ou Les Invincibles, affectionne particulièrement le concept du Tournoi des maîtres: "C’est un exercice sans filet. Nous serons obligés en tant que joueur de nous renouveler à chaque impro. Ça sera probablement très exigeant, mais en même temps, super riche. Le solo favorise assurément l’écoute, la construction afin de mener les histoires de façon cohérente."

"Dans ce contexte humoristique, il sera intéressant de tenter de faire des improvisations dramatiques. J’aime bien cette idée de déstabiliser les gens, par des silences par exemple… Mais si j’ai été choisie, c’est bien parce que j’arrive bien à faire rire le public! Il demeure qu’on est là pour avoir du plaisir…"

Pour Édith Cochrane, le Tournoi des maîtres, c’est peut-être l’apothéose de l’improvisation: "On a déjà élaboré des concepts sur la longueur, avec des tournois non-stop sur plusieurs jours par exemple. Là, on touche à la fois la forme et le fond. Ce n’est pas une contrainte de jouer seul. C’est bien là où l’on peut ressentir toutes les facettes de la personnalité des joueurs. C’est sûr que ça sera de bons moments. On peut faire ce qu’on veut avec ce concept."

En général, au Québec, l’enthousiasme est très fort pour l’improvisation. "Aujourd’hui, quel patelin du Québec n’a pas sa ligue d’impro? Seulement à Montréal, on peut assister à un match d’impro tous les soirs de la semaine! Depuis 10 ans, l’engouement ne se dément pas."

Yvon Leduc souligne que "si l’expérience fonctionne bien, il serait envisageable de développer une ligue spécialement consacrée aux matchs en solo, en parallèle avec la ligue standard dans laquelle s’affrontent quantité d’équipes. Qui sait ce que le succès de l’événement pourra avoir comme conséquences… Et pourquoi pas un tournoi des maîtres international?" Yvan Ponton évoque pour sa part le Tournoi des maîtres comme un signe de jeunesse de la LNI. En entrevue, il mentionnera aussi le besoin éventuel de la LNI d’avoir sa propre école. "Faudrait y penser", dit-il, pleinement conscient de la pleine expansion de la LNI et de son concept de théâtre spontané, formule qui aura 30 ans l’année prochaine et qui a tellement donné à la dramaturgie québécoise. Le Tournoi des maîtres est un réel défi, mais les huit joueurs ont pour la plupart accepté tout de suite de participer au projet. Le public devrait en faire autant.

Du 26 au 28 juin
Au Cabaret du Capitole
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