Les Funérailles de Jerry : Party posthume
Les Funérailles de Jerry, une pièce qui aborde le deuil sous l’angle du gros party. Ou comment mourir sur une note joyeuse…
Décidément, la mort est dans l’air. Pensons à cette famille de croque-morts dans Six Feet Under. Il y aussi le bouquin sur le deuil de Josélito Michaud, Passages obligés, qui fait un malheur en librairie. Au cinéma, la trame du dernier film de Ghyslaine Côté, Le secret de ma mère, se déroule dans un salon mortuaire. Ne restait plus qu’au théâtre à entrer dans le cortège funèbre. C’est chose faite: Louis Saia présente Les Funérailles de Jerry au Corona.
Est-ce le vieillissement de la population qui stimule cet engouement pour la grand voyage? "Peut-être… Dans mon cas, mon propre vieillissement y est sûrement pour quelque chose!", dit Louis Saia, 57 ans.
L’idée de cette pièce, le metteur en scène l’a eue en assistant à des funérailles modernes. Vous savez, celles où les éplorés troquent leurs faces d’enterrement contre une partie de limbo? Car le nec plus ultra en matière de bien-mourir, c’est de faire de ses funérailles une expérience festive. "Je trouve cela un peu absurde, dit Louis Saia en connaissance de cause. De toute façon, ça finit toujours par déraper."
Dans Les Funérailles de Jerry, le réalisateur des Boys pousse donc la chose à l’extrême. Ainsi, Jerry Dufort (Luc Senay), douanier de son métier, est mort écrasé accidentellement sous un drapeau canadien. Dans un message vidéo enregistré avant son trépas, il invite ses survivants à lui rendre un dernier hommage digne de sa vie, soit sous le signe du party.
La table est donc mise pour un feu roulant de festivités. Autour de la dépouille, une galerie de personnages se désâmera pour offrir au disparu des numéros de danse, de chant, et le meilleur des bien cuits… Le tout sous les auspices de DJ Richard Samson. Quand la cérémonie funèbre rencontre le Théâtre des variétés…
Dans l’extrait présenté aux journalistes la semaine dernière, une chorale improbable formée de cinq chanteurs a revisité, dans un pot-pourri, les chansons favorites de Jerry. De Les Dalton de Joe Dassin à Bohemian Rhapsody de Queen. Délirant.
"Les spectateurs sont invités à offrir leurs sympathies à la famille et aux proches de Jerry", souligne gravement Sylvie Legault, qui signe aussi la mise en scène du spectacle. Car, avant tout, le spectacle se veut interactif. Le Théâtre Corona a été aménagé en salon mortuaire spécialement pour l’occasion. On s’y croirait.
Pour défendre les textes de Daniel Gagnon, Simon Gravel et de l’ex-Paul et Paul Jacques Grisé, on a recruté une brochette de jeunes comédiens. Mis à part Jean Petitclerc et Brigitte Morel, ils sont à peu près tous inconnus du grand public. "Comme les comédiens doivent se mêler au public, il était plus intéressant d’avoir des gens peu connus. Cela ajoute au réalisme", explique Sylvie Legault.
Parmi les comédiens, on remarque l’humoriste François Maranda, qu’on a pu voir dans les publicités de Labatt en tant que Jonathan Bleue, le faux chef du Parti Bleue. Il y a aussi Sophie Caron, qui évolue dans la Ligue nationale d’improvisation depuis plusieurs années. La chanteuse Julie Massicotte ainsi que Lyne Riel, David Michael et Alexandre Legault-Déry complètent la distribution. Luc Senay, jouant feu Jerry, apparaît à travers des projections vidéo.
Louis Saia promet donc une grosse fête. "On y parlera de la mort et le public retrouvera le genre de commentaires qu’on peut entendre à des funérailles", dit-il. Si l’ensemble de la pièce est à l’image des quelques minutes montrées aux médias, on peut s’attendre à ce que le party décolle…
Du 29 juin au 2 septembre
Au Théâtre Corona