Fausses rumeurs : Sauver la mise
Scène

Fausses rumeurs : Sauver la mise

Avec sa distribution de haut vol, Fausses rumeurs devrait faire les beaux jours du Théâtre des Grands Chênes de Kingsey Falls. Écho.

Le 13 avril 1970, à 300 000 km de la Terre, l’explosion d’un réservoir d’oxygène transforme la mission Apollo XIII, qui aurait dû en être une de routine, en un véritable cauchemar. Pendant les quatre jours suivants, les astronautes Lovell, Haise et Swigert, aidés par les techniciens de Houston, vont réaliser exploit par-dessus exploit et accomplir un très hypothétique retour sur la planète bleue. Sains et saufs.

Mais pourquoi diable ai-je cet épisode en tête en sortant du Théâtre des Grands Chênes, le 21 juin dernier, après la première de la pièce Fausses rumeurs, laquelle n’a, c’est le moins qu’on puisse dire, aucun lien avec cette mission spatiale qualifiée d’échec réussi?

Bien loin des orbites lunaires, Fausses rumeurs est l’adaptation signée Normand Chouinard d’une comédie de la coqueluche de Broadway Neil Simon (The Odd Couple, Promises, Promisses…). Lors du dixième anniversaire de mariage du maire d’un arrondissement de Montréal et sa femme, quatre couples très BCBG sont conviés à un souper chez lui. Or, le principal intéressé ne se montre pas, et pour cause: il vient de se tirer une balle dans la tête! La blessure est superficielle, mais il n’est pas en état de raconter ce qui s’est produit. Quant à sa femme, elle a pris la poudre d’escampette. Les couples arrivent tour à tour, décodant les événements tant bien que mal. On va d’imbroglio en imbroglio, certains voulant par tous les moyens éviter d’ébruiter le fâcheux incident, tandis que les petits et moins petits problèmes conjugaux crépitent ici et là.

Martine Baulne signe une mise en scène efficace mais prévisible, la traduction de Chouinard est honnête malgré des blagues aux punchs convenus; somme toute, l’affaire ne dépasse pas le divertissement un peu lourdaud. Seulement voilà, la distribution composée de Félix Beaulieu Duchesneau, Violette Chauveau, Normand Chouinard, Martine Francke, Marcel Leboeuf, Lise Martin, Marina Orsini, Serge Postigo et André Robitaille pourrait nous lire une circulaire de Brault & Martineau qu’il se passerait quelque chose.

Les protagonistes, que l’on dit bons copains dans la vraie vie et qui forment, toujours dans la vraie vie, quatre couples bien portants (hormis Beaulieu Duchesneau, convaincante pièce rapportée), ont pour l’occasion chastement sauté la clôture, le temps de former un nouveau couple estival. Et ils s’amusent comme des petits fous, laissant parler leur talent sans se casser la tête.

Rien ne sert de jouer les rabat-joie. La salle est comble, tout le monde se tape sur les cuisses et ressort content. Avec de drôles d’analogies, parfois, qui trottent dans la tête…

Jusqu’au 2 septembre
Au Théâtre des Grands Chênes, Kingsey Falls
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