La Roulotte : Alice au pays des forains
Scène

La Roulotte : Alice au pays des forains

La Roulotte sillonne les parcs de l’île de Montréal avec une adaptation d’Alice au pays des merveilles signée Hugo Bélanger. Un spectacle tous publics qui rappelle que l’été, c’est fait pour s’amuser.

"Jouer dehors, devant des enfants et gratuitement, c’est encore plus important que de jouer dans une salle parce qu’on va chercher des gens qui n’ont pas accès au théâtre ou qui pensent qu’ils n’y ont pas accès, des enfants qui ne sont jamais allés au spectacle, et aussi des parents qui ont connu La Roulotte quand ils étaient jeunes et qui ont des attentes parce qu’avec le temps, ils ont idéalisé le spectacle qu’ils avaient vu." Hugo Bélanger est bien conscient qu’une mise en scène pour La Roulotte – qui divertit le grand public montréalais en l’initiant au théâtre depuis maintenant 54 ans – ne se prend pas à la légère. Mais à la veille de la première des 30 représentations programmées d’ici le 11 août, il se montre confiant. Il a mis toute son ardeur et tout son savoir-faire dans l’adaptation d’Alice au pays des merveilles et sa valeureuse équipe de finissants de deux grandes institutions d’enseignement du théâtre a très bien travaillé. Il faut dire aussi que l’an dernier, son Baron de Munchausen avait fait l’unanimité…

C’est donc l’univers de Lewis Carroll qu’Hugo Bélanger – metteur en scène et auteur du Théâtre Tout à Trac déjà fort apprécié – a choisi de nous faire partager pour sa seconde mission à la tête de La Roulotte. Entre autres, parce qu’une des vocations de ce théâtre forain est de stimuler l’imagination du public en présentant des oeuvres fantaisistes et que le personnage d’Alice est l’un des meilleurs apôtres de cette sage délinquance qui ouvre la porte aux aventures extraordinaires. Pour l’incarner, Valérie Deault a ressenti le besoin de replonger dans l’oeuvre littéraire. "Pour moi, c’était essentiel de relire le livre parce que tout le monde a une idée d’Alice, explique la jeune diplômée du Conservatoire d’art dramatique de Montréal. On la voit souvent comme dans la version de Disney, blonde avec une petite robe bleue, sauf que moi, je suis brune. Je voulais aller chercher une Alice différente, en créer une nouvelle à partir de l’image que je m’en ferais en lisant le conte."

Le fait que Lewis Carroll n’ait jamais décrit précisément la fillette a laissé une grande liberté à tous ceux qui ont choisi d’adapter sa fabuleuse histoire à la scène ou à l’écran. Comme la plupart d’entre eux, Hugo Bélanger ne s’est pas privé de puiser dans le livre moins connu d’Alice à travers le miroir pour en ramener des personnages inexistants dans le premier récit de ses tribulations. "Vu que la pièce dure 45 minutes, il était de toute façon impossible de tout faire, explique le metteur en scène. Il y a trop de choses. J’ai réalisé qu’il valait mieux aller chercher les personnages les plus célèbres, en dégager l’essence et créer une nouvelle histoire avec ça." Dans cette version très librement inspirée, Alice poursuit le Lapin pour lui remettre les gants qu’il a perdus et éviter que la Reine de coeur ne lui tranche la tête. Dans son épopée, elle croise divers personnages dont certains, comme le Chat, sont représentés par des marionnettes. Et pour en matérialiser le plus possible malgré le nombre restreint de cinq acteurs imposé par les règles de La Roulotte, les partenaires de scène de Valérie Deault jouent tous trois rôles différents.

Déjà complice d’Hugo Bélanger au Théâtre Tout à Trac et finissant de l’École nationale de théâtre, Philippe Robert incarne le Chapelier fou, le Deux de pique et Twiddle Dum. "Le spectacle est monté de manière très chorégraphique, souligne le jeune homme. Pour chaque réplique, la direction du regard et la position du corps sont calculées pour que le spectateur au fond du parc puisse comprendre ce qui se passe, même s’il n’entend pas les mots." Hugo Bélanger parle de découper le geste pour dessiner le corps dans l’espace. Un excellent moyen de s’adresser aux plus petits par le visuel tout en réservant de truculentes répliques aux oreilles plus matures et de se rendre ainsi accessible à toute personne disposée à embarquer pour un voyage au pays des merveilles. Ça vous dit? Ça se passe dans un parc près de chez vous.

Du 29 juin au 11 août
Horaires variables, entrée libre
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