Anne Dorval : Adieu, je me Cass!
Scène

Anne Dorval : Adieu, je me Cass!

Anne Dorval renoue avec le volet théâtre du Festival Juste pour rire. Après avoir participé, en 2004, à la pièce Variations sur un temps, elle joue actuellement dans la comédie Un monde merveilleux, du jeune auteur américain David Lindsay-Abaire.

Avec une coupe à la garçonne qui orne son visage d’ange et une fougue délirante qui pimente son discours, Anne Dorval incarne le prototype de l’éternelle jeune fille amoureuse de la vie, avide de sensations fortes. Hasard ou coïncidence, cette description colle parfaitement au personnage de Cass, le rôle que la comédienne campe en ce moment dans la pièce Un monde merveilleux.

Blasée de jouer au yum avec un mari qui nourrit un monde fantasmatique douteux, Cass, 40 ans, décide de plier bagages. À la télé défilent les images du film Niagara, avec Marilyn Monroe. C’est décidé: elle claque la porte de son bungalow, direction Niagara Falls, pour prendre sa vie en main. "À quelques jours des premières, ça m’arrive souvent, moi aussi, d’avoir le fantasme de tout foutre en l’air!", rigole une Anne Dorval visiblement fébrile. Mais ici s’arrêtent les comparaisons entre la comédienne et son personnage. "Je fais un métier que j’adore et qui me fait vivre dans une totale insécurité, contrairement à Cass qui menait une petite vie rangée!", s’exclame-t-elle.

VOYAGE INITIATIQUE

En chemin, l’héroïne croise Lois Coleman (Josée Deschênes), une alcoolique désespérée – armée d’un tonneau dans lequel elle désire se jeter du haut des chutes légendaires – qui vient de se faire larguer par son homme. "Ce sont deux filles un peu perdues: une supposément positive parce qu’elle veut tout manger de la vie et l’autre qui dit vouloir mettre fin à ses jours, mais qui lance en fait un cri du coeur", soutient Anne Dorval.

Genre d’adolescente de 40 ans qui se promène avec son petit carnet de 267 choses à réaliser, Cass caresse le projet d’engager la conversation avec un inconnu, de porter une grosse perruque ou encore de faire la connaissance d’un clown.

Le trajet des deux complices sera parsemé de rencontres insolites (entrent en scène Élise Guilbault, Normand D’Amour, Adèle Reinhardt, Stéphane Brulotte et Denis Houle) et truffé de situations toutes plus loufoques les unes que les autres. "Elles commencent dans un certain état et, à la fin, elles vont être transformées. Ce ne seront plus les mêmes femmes", explique Anne Dorval.

Wonder of the world a été présentée au Manhattan Theater Club en 2001. Cass était alors interprétée par Sarah Jessica Parker. Est-ce une pression supplémentaire? "Non. Ça ne me touche pas vraiment. Je suis surtout contente qu’on ait pensé à moi pour ce rôle. Je n’ai jamais joué une jeune première de 40 ans, mais je sais que c’est pour moi. C’est mon travail d’explorer d’autres avenues. J’ai besoin de m’éloigner de moi, de ma vie. J’aime bien les excès…", affirme notre Criquette nationale. La mise en scène, assurée par René Richard Cyr, semble parfaitement adaptée au genre comique. "Le résultat est très "cartoon" et ça marche vraiment avec le propos!", ajoute la comédienne.

SUBSTANCE ET PROFONDEUR

Une comédie, certes, mais dotée de finesse et d’intelligence. "Ce n’est pas un rire vide. C’est une sorte de célébration de la vie. L’auteur se demande pourquoi on a besoin de se gaver de tout pour avoir l’impression d’être en vie. Vivre, c’est aussi s’arrêter et regarder ce qu’il y a autour de soi", souligne Anne Dorval.

Pierre Bernard, l’homme derrière le volet théâtre de Juste pour rire, a eu le coup de foudre pour l’oeuvre de David Lindsay-Abaire. "Il réussit, avec un ton comique, à critiquer tous les travers d’une société de la classe moyenne nord-américaine. Et la chose la plus extraordinaire, c’est qu’il réussit à parler de tout ça avec l’air de ne toucher à rien", explique le directeur artistique qui est fermement décidé à monter, pas plus tard que l’année prochaine, une autre pièce de cet auteur encore méconnu en sol québécois.

Jusqu’au 22 juillet
Au Monument-National