Les Funérailles de Jerry : Du deuil au cabaret
Scène

Les Funérailles de Jerry : Du deuil au cabaret

Difficile de caser Les Funérailles de Jerry dans une catégorie. Ce n’est ni tout à fait une comédie musicale, ni tout à fait une pièce de théâtre, ni tout à fait un party réussi…

On entre au Théâtre Corona et c’est le passage obligé. Avant de trouver sa place dans la salle, le spectateur doit traverser la scène, honorer la dépouille de Jerry et offrir ses condoléances aux proches du défunt. Aucun doute, ça sent la mort.

Sauf qu’avant son trépas, Jerry (Luc Senay), ce douanier tué par le mât du drapeau canadien, a enregistré un message où il demande à ses survivants de faire de ses funérailles un gros party. C’est la prémisse: pas de pleurs, l’heure est à la rigolade. Sous les auspices d’un vieil ami de Jerry (Jean Petitclerc), la cérémonie prendra des airs de cabaret burlesque. Place à la chanson, à la danse en ligne, aux projections de diapos et de vidéos. Dans l’enfilade de numéros, le plus réussi est sans contredit cette chorale des douaniers de Lacolle. Pendant un bon quart d’heure, quatre joyeux lurons y vont d’un pot-pourri improbable composé des chansons favorites de Jerry, telles que Just a Gigolo et Les Dalton de Joe Dassin.

Pour le reste, disons-le, ces joyeuses funérailles manquent de mordant. Pourtant, tous les ingrédients sont là: des comédiens de talent (soulignons les performances de Sophie Caron en douanière lesbienne et de François Maranda en croque-mort opportuniste), un enrobage musical efficace, une mise en scène audacieuse (les comédiens se mêlent au public). Malgré tout, le rythme est inégal. Les gags tombent souvent à plat, les éclats de rire sont rares et l’interaction avec le public ne donne pas toujours d’heureux résultats. En deux mots, on finit par trouver ce deuil un peu long.

Le concepteur du spectacle, Louis Saia, confiait avoir été inspiré par des partys de funérailles auxquels il avait assisté. "Ça finissait toujours par déraper", remarquait-il. En quittant Les Funérailles de Jerry, on reste aussi sur une étrange impression de dérapage. Il y a dans cette pièce beaucoup de bonnes idées, sauf qu’à vouloir toutes les suivre, on ne se rend nulle part. Ce spectacle aurait pu proposer une réflexion originale sur les façons modernes de vivre le deuil; malheureusement, on a préféré le confort du cliché.

Jusqu’au 2 septembre
Au Théâtre Corona
Voir calendrier Théâtre