Bertrand Alain : Le Party
Bertrand Alain met en scène Début de fin de soirée, présenté par le Théâtre Voix d’accès, qui nous revient pour un quatrième été au Petit Champlain. Bol de punchs.
Aux petites heures du matin, Félix (Emmanuel Bédard) et Mathilde (Marie-Frédérique Auger), un couple bcbg qui vient de donner une réception, croient en avoir terminé avec leurs invités. Mais c’est sans compter Éric (Jean-Michel Déry), un ami de longue date, qui ne finit plus par décoller; Kristel (Ansie Saint-Martin), une Française d’adoption de passage au bercail, qui se réveille après avoir été malade, prête à remettre ça; et Bob (Nicolas Létourneau), un livreur de pizza débarquant comme un cheveu sur la soupe pour, lui aussi, s’incruster. "C’est le party qui ne finit pas et qui n’est pas au bout de ses surprises, commente Bertrand Alain. On pense que la fête a eu lieu, que ça a bien été et, tout à coup, ça s’étire, et c’est là que la vérité éclate. On sort du social, du monde des apparences pour arriver dans quelque chose de plus vrai." À cet effet, il remarque que la scénographie d’Érica Schmitz, en forme de loft au look branché, avec une cloison qu’on sent arbitrairement installée, un peu en biais pour faire chic, l’autre trouée pour faire design, sert efficacement le propos. "On se cache derrière un faux mur, en fait. Et ça va bien avec leur mode de vie", précise-t-il.
Au sujet de cette deuxième pièce du Français Clément Michel (Le Carton), créée récemment à Paris (mai 2005) et ayant déjà plus de 350 représentations à son actif, le metteur en scène note par ailleurs: "On pourrait croire que c’est un vrai boulevard, mais, là aussi, l’auteur joue sur les apparences. Parce qu’à un moment donné, ça tourne vraiment au vinaigre et ça devient plus dramatique. Ce qui est intéressant dans ce texte, c’est les différents niveaux. Parce que souvent, quand on lit une comédie, on fait: "Ah! c’est loufoque, ah! c’est drôle et il y a de bonnes situations", mais ça se maintient là. Alors qu’ici, l’auteur aime beaucoup faire des contrepoints, que les gens tout à coup disent le contraire de ce qu’ils sont ou finissent par dire le contraire de ce qu’ils disaient au début. Pour les acteurs, c’est très riche, parce que tous les personnages ont quelque chose à jouer, ils sont tous transformés par l’action."
Quant à sa manière d’aborder la comédie, il explique que sa priorité est toujours de trouver le "niveau de vérité" de la pièce. "On peut jouer très, très, très gros, faire des personnages clownesques, mais il faut que le public nous suive, qu’il les reconnaisse ou se reconnaisse, qu’il voie des êtres humains là-dedans. Quand on reçoit des gens – on le fait et ce n’est pas hypocrite -, ils partent et on pousse un grand soupir. Alors je voulais qu’on rentre dans cette intimité-là, qu’on y croie et qu’on soit aussi touchés par la vie des personnages, affirme-t-il. Une des difficultés, c’était de trouver comment les acteurs allaient réussir à jouer leur rôle pour vrai en nous cachant quand même la fin. Parce qu’il y a de bons punchs… Comment on peut ne pas avoir l’air de porter un drame sans que, quand on le révèle, les gens se disent: "Il ne pouvait pas être de même au début du party, voyons." Qu’est-ce qu’on cache? Qu’est-ce qu’on révèle? Ça a été une grande part de notre travail." Pour l’instant, en tout cas, le mystère reste entier…
Du 20 au 26 août à 20h
Au Théâtre Petit Champlain
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