Festival de théâtre de rue : Trouble-fête
Scène

Festival de théâtre de rue : Trouble-fête

Le Festival de théâtre de rue de Shawinigan déstabilise le public depuis 10 ans. Curieusement, les coups de coeur de celui-ci ne sont pas toujours ceux que ses organisateurs avaient prévus. Retour sur une décennie de folies!

S’il attire maintenant des compagnies de renommée internationale comme Theater Titanick, maître d’oeuvre allemand de la production pyrotechnique Insect présentée à l’occasion du 10e anniversaire, le Festival de théâtre de rue de Shawinigan (FTRS) a connu des débuts un peu plus modestes.

La première édition, en 1997, a été chapeautée par le projet Rues principales. C’est Yves Dolbec qui, après avoir vécu deux ans en Europe, a eu envie d’animer les rues du centre-ville de Shawinigan au moyen du théâtre de rue. Il a donc invité une quinzaine de compagnies pour enfants. Ce coup d’envoi s’est malheureusement révélé un pétard mouillé. "C’était bien le fun… Il y a ma mère, mon père et mes deux enfants qui sont venus au Festival. C’est à peu près tout", lance-t-il avec ironie. Malgré cela, Dolbec ne s’est pas découragé: "Ça n’a pas été un flop parce que ce n’était pas bon, ça a été un flop parce que ça s’est fait trop vite! Tu ne changes pas les habitudes des gens en quatre ou cinq semaines."

L’été suivant, il s’associe donc à Rémi-Pierre Paquin (Les Invincibles, La Vie rêvée de Mario Jean) et Philippe Gauthier. Le Festival remporte alors le prix de l’Événement touristique de l’année. Pour préparer la troisième édition, le trio s’envole vers l’Europe, où il puise des milliers d’idées folles. Peu à peu, le FTRS aspire à déployer ses ailes. "Il y a un moment tournant, où on est passés de ti-culs à ados…" Avant même que Rémi-Pierre Paquin termine, Philippe Gauthier s’exclame: "Le moment de la pizza!" De la pizza? Rémi-Pierre poursuit dans un éclat de rire: "On s’est commandé de la pizza un midi. On pensait à la programmation. C’était en 2000. On regardait les vidéos qu’on avait reçues. Et il y avait une présentation qu’on regardait juste pour le fun parce qu’on se disait qu’on ne pourrait jamais faire venir ça." Du coup, Dolbec enchaîne: "On savait qu’on n’avait pas de budget. On commençait. Puis, j’ai vu sa face (à Rémi-Pierre)…" Contre toutes attentes, Malabar, avec son Voyage des aquarêves, reçoit finalement son carton d’invitation et marque l’histoire du Festival. On assiste au début d’une nouvelle ère. "À partir de cette année-là, la Ville s’est impliquée. Et on dirait qu’il y a eu une fierté dans la région par rapport à l’événement. Après ça, ça a toujours grossi, grossi et grossi."

Aujourd’hui, le FTRS fait partie des habitudes, et ses fidèles ont aiguisé leurs critiques. "Finalement, les gens ont compris qu’ils pouvaient nous "blaster". (rires) […] Les gens sont de plus en plus difficiles et c’est le fun de voir ça. On se disait ça, hier: on a marqué une génération. Les jeunes qui avaient 12 ans au début en ont maintenant 22. C’est une génération qui a grandi avec le Festival. Ils en veulent plus d’année en année. Il faut les surprendre", conclut Dolbec. C’est d’ailleurs ce qui est planifié pour le 10e anniversaire, intitulé Fête trouble-fête.

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LES BALLONS DU 10E
À la spectaculaire production payante Insect s’ajoute la traditionnelle programmation de la 5e Rue. Parmi les quelque 200 créateurs invités, quelques noms à surveiller: Circus Orange et son spectacle Jumpjet, pendant lequel la rue devient une piste de décollage; Les Goules et leur secte improvisée; Toxique Trottoir et sa Famille Bottero, inspirée de l’univers gargantuesque du peintre Fernando Bottero; Les Georges Leningrad et leur rock pétrochimique ainsi que l’éclaté Karlof (le 29 juillet).

Du 27 au 30 juillet
Au centre-ville de Shawinigan
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