Visites à Monsieur Green : Par accident
Scène

Visites à Monsieur Green : Par accident

Avec Visites à Monsieur Green, présenté à Rougemont tout l’été, Albert Millaire célèbre de fort belle façon ses 50 ans de carrière.

L’été dernier, au Théâtre de la Dame Blanche (Beauport), les Productions Jean-Bernard Hébert proposaient Visites à Monsieur Green, une pièce à succès de l’États-Unien Jeff Baron (depuis sa création dans les années 90, elle a été jouée dans plus de 30 pays sur les 5 continents). Après une tournée au Québec et au Canada francophone, la comédie dramatique, traduite par Michel Tremblay et mise en scène par Jacques Rossi, s’arrête tout l’été au Théâtre de Rougemont. Disons-le d’emblée: c’est un rendez-vous à ne pas manquer!

Depuis que sa femme est morte, M. Green, 86 ans, ancien propriétaire d’un établissement de nettoyage à sec, se laisse littéralement dépérir. Dans son petit appartement new-yorkais, coupé du monde, perdant peu à peu la raison, il attend la fin. Un jour, probablement submergé par le désespoir, le vieil homme se fait renverser par une voiture, sans conséquences graves. Le conducteur, Ross Gardiner, 29 ans, cadre chez American Express, est condamné à rendre visite à M. Green, chaque semaine, pendant six mois. De cette rencontre hautement improbable naîtra une relation extraordinairement salvatrice. En comparant leurs systèmes de valeurs, les deux hommes entreprennent un apprivoisement mutuel. On réalise que, contrairement aux apparences, ils ne sont pas aux antipodes l’un de l’autre, ils ont même certains points en commun. Chacun porte un lourd secret, une rancoeur qui l’empêche de vivre et d’aimer. Après s’être affrontés, autrement dit après s’être confrontés aux limites de l’autre comme aux leurs, ils apprendront la tolérance et goûteront l’apaisement.

La montée dramatique de la pièce est à ce point irréprochable, l’intrigue en est si bien ficelée qu’en révéler les détails risquerait de miner votre plaisir. Contentons-nous de dire que le texte de Baron aborde, avec une profondeur et une sensibilité peu courantes en saison estivale, des sujets d’ordre non seulement intime, mais également social, religieux, spirituel et historique. Agencement judicieux d’humour et de drame, de faux-fuyants et de révélations, le tête-à-tête culmine en une finale bouleversante. Vous aurez compris que les acteurs sont tout à fait à la hauteur du défi que pose la partition. Albert Millaire navigue avec une facilité désarmante du vieillard détestable au vieil homme attachant. Mentionnons que dans le foyer du théâtre, une exposition de photos et d’affiches permet de se remémorer certains des plus beaux moments des 50 ans de carrière de M. Millaire. Quant à Louis-Olivier Mauffette, il donne beaucoup d’authenticité à son homme d’affaires au grand coeur. On se réjouit de savoir qu’on le verra au moins trois fois sur scène au cours de la prochaine saison. Pour les amateurs de souper-théâtre, le restaurant Les Quatre Feuilles, attenant au théâtre, offre un buffet tous azimuts et une table d’hôte mettant en valeur les produits régionaux.

Jusqu’au 2 septembre
Au Théâtre de Rougemont