Une dangereuse obsession : Un ami qui vous veut du bien
Une dangereuse obsession, un suspense du Britannique Nigel J. Crisp mis en scène par Jacques Rossi au Centre culturel de Joliette.
Décédé en juin 2005, à l’âge de 81 ans, Nigel J. Crisp était scénariste, nouvelliste, romancier et dramaturge. Parmi les pièces qu’il nous a léguées, Dangerous Obsession est de loin la plus connue. Depuis sa création au Apollo Theatre de Londres en 1987, le suspense a été repris dans une quinzaine de pays. En 1999, Gerry Lively en a même fait un film: Darkness Falls. Comme cette histoire truffée de mystères et de rebondissements n’avait jamais été présentée au Québec, les Productions Jean-Bernard Hébert et le metteur en scène Jacques Rossi ont tenu à corriger la situation: Une dangereuse obsession est à l’affiche de la Salle Rolland-Brunelle du Centre culturel de Joliette jusqu’au 26 août.
Sobrement traduite par David Szwarcbaum, la pièce (qui vient d’ailleurs d’être publiée aux Éditions Les Cygnes) est un implacable huis clos. Afin de trouver des réponses à ses innombrables questions, John Barnett surgit à l’improviste chez Sally et Mark Driscoll. Les Barnett et les Driscoll auraient fait connaissance à la mer il y a quelques années. Obnubilé par un étrange accident impliquant sa femme, le visiteur s’incruste. Puis, contrarié de ne pas obtenir les clarifications qu’il est venu chercher, l’homme sort un fusil et séquestre le couple dans sa magnifique serre. Le ton monte… la température aussi. Avec des méthodes aussi draconiennes, il est bien rare qu’on ne parvienne pas à soutirer quelques confessions. Ainsi, parallèlement à la trame policière, la pièce jette les bases d’une étude de moeurs, lève le voile sur une vie de couple parcourue de fissures. Après le passage de John, l’existence des Driscoll ne sera plus jamais la même.
Vous aurez compris que l’intrigue est exemplaire. Une fois enclenchée, impossible d’empêcher cette ascension vers la vérité. Malheureusement, on découvre assez vite qu’il y a un grain de sable dans l’engrenage. Au cours des 90 minutes que dure le spectacle, jamais la tension, absolument fondamentale à ce genre de théâtre, ne s’instaure, jamais l’angoisse ne nous saisit. Dans un registre où tout repose sur le jeu de l’acteur, sur la justesse du ton et sur la vigueur des échanges, la distribution est peu convaincante et la mise en scène, relâchée. Dans la peau de John Barnett, Raymond Cloutier manque de perfidie et de détermination. Les détonations de son arme sont les seules qui parviennent à nous faire sursauter. Myriam Poirier s’en tire mieux. Son jeu, d’une appréciable constance, arrive même, par moments, à nous faire communier avec le drame de l’épouse bafouée. Dans le complet de Mark, doté d’une diction fluctuante, Luc Chapdelaine fait pâle figure. Il est difficile de croire à la détresse que l’acteur tente d’insuffler à son personnage.
Comme la rumeur laisse entendre que le spectacle s’améliore de semaine en semaine, il demeure permis d’espérer qu’avant le début de la tournée, en janvier, le jeu des acteurs aura rejoint le calibre des dialogues et de l’intrigue.
Jusqu’au 26 août
Au Centre culturel de Joliette
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