Chloé Lacasse et Benoit Landry : Sur la voix
Scène

Chloé Lacasse et Benoit Landry : Sur la voix

Chloé Lacasse et Benoit Landry signent les paroles et la musique d’Un wagon nommé désir, première réalisation du Théâtre Babalou.

Le Théâtre Babalou, ce sont sept interprètes, presque tous issus du programme de théâtre musical du Collège Lionel-Groulx. C’est d’ailleurs en 2001, entre les murs du cégep, dans le cadre d’un atelier de création collective de sept semaines, que la première production de la compagnie, Un wagon nommé désir, trouve sa genèse. La pièce, qui à l’époque totalisait 50 minutes et qui en fait maintenant 90, récolte un vif succès; des éloges qui incitent les finissants à donner un nouveau souffle à leur création. Après une première série de représentations en février 2006 et un passage remarqué dans les Hautes-Laurentides cet été, le spectacle reprend ces jours-ci l’affiche de La Risée dans une version revue et corrigée.

À PLEIN RÉGIME

En plus de faire partie de la distribution – avec Isabelle A. Dupont, Frédéric Cosetti, Élizabeth Duperré, Catherine Huard, Isabel Rancier et, au piano, Francis Lehoux -, Chloé Lacasse (lauréate 2006 du concours Ma Première Place des Arts) signe les paroles et Benoit Landry (collaborateur de Sylvain Scott sur La vraie vie est ailleurs), la musique. Bien que la mise en scène ait été assumée collectivement, Frédéric-Antoine Guimond, lui aussi diplômé du Collège Lionel-Groulx, a fait un précieux boulot de direction d’acteur. Pour les membres du Théâtre Babalou, cette production est en quelque sorte un étendard, une façon de se porter à la défense d’un genre sous-représenté ou alors très mal perçu. Avec Un wagon nommé désir, la troupe offre sa contribution au répertoire, avouons-le, bien maigre, du théâtre musical québécois. "Notre but, précise Benoit Landry, c’est de le faire dans notre langue, avec des personnages d’ici, avec notre culture, nos archétypes, notre couleur. On ne peut pas avoir la prétention de dire qu’il ne s’en est pas fait avant nous mais, chose certaine, il y a encore beaucoup à faire."

Si les interprètes aiment profondément la comédie musicale, ça ne les empêche pas d’en rire. Pour tourner en dérision les procédés du genre, peut-être justement parce qu’ils en sont sincèrement amoureux, ils n’ont pas leur pareil. En comédie musicale, c’est bien connu, quand la parole ne parvient plus à exprimer ce que ressentent les personnages, le chant et la danse prennent souvent le relais. Voilà un de ces clichés que le spectacle prend plaisir à détourner. Ainsi, durant toute la représentation, le sérieux nous guide vers la parodie, la détresse émotive des personnages, vers la franche rigolade. "C’est la corde raide, explique Benoit Landry. On flirte avec la parodie, on démontre qu’on aime beaucoup le genre mais, en même temps, on avoue que c’est parfois un peu quétaine."

Les auteures de la trame et des dialogues du spectacle, Karina Murray et Isabelle A. Dupont, ont eu la bonne idée d’enfermer, longtemps et dans un minuscule wagon de métro, sept personnages aux caractères on ne peut plus contrastés. De ce huis clos absurde naissent des rencontres aussi invraisemblables que tumultueuses, des moments très drôles et d’autres très touchants. "Dans le spectacle, il y a une belle naïveté, indique Chloé Lacasse, un grand plaisir qui s’apparente à celui qu’on a en groupe." "Ce qui nous ressemble le plus dans cette histoire, c’est son humour, affirme Benoit Landry. Cet humour a quelque chose de bien québécois et je dirais de propre à notre génération." Puisqu’on y rit allègrement des travers d’un groupe d’"adultes" un peu pathétiques, faudrait-il considérer le spectacle comme le regard d’une génération sur une autre? "Oui! lance Chloé Lacasse, mais un regard plein d’amour."

À La Risée
Du 17 août au 2 septembre
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