La 2e Porte à Gauche : Opération Bancs publics
Scène

La 2e Porte à Gauche : Opération Bancs publics

Avec The Art (qui se prononce "dehors"), une cinquantaine d’artistes envahissent l’espace public pour témoigner de la vitalité de la relève en danse contemporaine et de ses préoccupations.

Ils ont placé des danseurs dans les vitrines de chez Simons en 2005, et ce sont eux qui organisent le Bal moderne, soirées dansantes où des chorégraphes viennent initier le public à leur gestuelle. Ils sont jeunes, pleins d’énergie, de créativité et d’enthousiasme, et pour ce nouvel événement insolite, les membres de La 2e Porte à Gauche ont invité 13 chorégraphes à occuper l’espace du Carré Saint-Louis et la zone piétonne avoisinante. Rassemblant danseurs, musiciens et acteurs, les performances s’étaleront sur quatre jours et des échanges sont prévus avec le public, sur place ou à l’occasion de tables rondes, pour approfondir la réflexion sur la danse et son devenir. Car The Art vise autant à mieux faire connaître la danse qu’à permettre aux artistes de questionner leur démarche.

"Le discours sur le développement de public suppose souvent qu’il faut des experts pour expliquer au commun des mortels ce que l’individu spécial qu’est l’artiste a voulu dire, caricature le chorégraphe Frédérick Gravel, l’un des cofondateurs de La 2e Porte. Je n’aime pas trop cet intermédiaire-là et je pense que les artistes ont beaucoup de travail à faire non pas pour faciliter la lecture de leur travail, mais pour en dégager ce qu’il a de vraiment pertinent." Sa collègue Marie Béland, l’initiatrice de La 2e Porte, pense qu’il lui incombe de rendre son art accessible au plus grand nombre. "On a beau expliquer que la compréhension de la danse passe surtout par le senti, qu’il n’y a pas nécessairement de message et que chacun peut avoir son interprétation, l’humain a un besoin inné et foncier de comprendre. C’est de là que vient mon désir d’être claire et de me faire comprendre en gardant ce qui est caractéristique de la danse, c’est-à-dire le mouvement, même si ce que je fais est plus théâtral."

Si le rapport avec le public est au coeur des préoccupations de ces jeunes artistes, c’est qu’ils cherchent de nouvelles formes de création pour échapper au destin fatidique que connaissent des compagnies aussi bien établies que celle de Jean-Pierre Perreault. La faillite de cette dernière donne une preuve supplémentaire que le modèle création/diffusion ne suffit pas à faire de la danse contemporaine une discipline forte. "Il n’y a pas énormément de travail comme danseur, mais j’ai envie de me positionner comme une artiste dans son milieu plutôt que comme une interprète qui attend que ça se passe, commente Johanna Bienaise, nouvelle recrue de La 2e Porte. On a vraiment besoin de se serrer les coudes et de se regrouper pour montrer aux subventionneurs qu’on est là, nombreux et motivés. Je pense que ça peut faire une différence."

Parmi tous les projets proposés, Katya Montaignac, qui vient aussi de se joindre à l’équipe, présente un solo exécuté par une dizaine de personnes différentes, danseurs et non-danseurs. Une façon parmi d’autres de démystifier la danse et de favoriser le rapprochement de l’art et du public. Une occasion parmi d’autres de se laisser surprendre par ce qui se trouve là, juste derrière La 2e Porte à Gauche. www.la2eporteagauche.ca

Du 1er au 4 septembre, de 12h à 18h
Carré Saint-Louis et rue Prince-Arthur
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