Conservatoire d’art dramatique : La vie mode d’emploi
La cuvée 2006 du Conservatoire d’art dramatique de Montréal joue le grand jeu et débarque sur la scène professionnelle avec Chroniques, un montage de textes de l’auteur français Xavier Durringer.
C’est presque devenu un rite de passage. Depuis quelques années maintenant, la Salle Fred-Barry accueille en ses murs les finissants du Conservatoire, afin de faciliter leur entrée dans le milieu professionnel. En septembre, les 11 comédiens – âgés entre 21 et 27 ans – replongeront donc dans Chroniques, une pièce qu’ils ont jouée en mai dernier dans le cadre de leur formation académique. Ils fouleront les planches du Théâtre Denise-Pelletier, mus par le désir de toucher et de déstabiliser la foule.
UNE GALERIE DE PERSONNAGES
Pour accoucher de Chroniques, le comédien et metteur en scène Michel Monty s’est inspiré des recueils de monologues et de dialogues intitulés Chronique 2 et Histoires d’hommes de Xavier Durringer, mais aussi et surtout de Chroniques des jours entiers, des nuits entières, un amas de textes réchappés des fond de tiroirs du même auteur français. "J’ai pris une matière aléatoire et j’ai essayé de créer des personnages et des parcours dramatiques pour chacun d’eux. Ensuite, j’ai fait se croiser ces parcours", explique Michel Monty. La dixième mouture fut la bonne. Résultat? Un feu roulant de courtes scènes sur le thème de la solitude, de l’angoisse ou encore de l’insécurité, dans lequel des destins s’entrechoquent, se confrontent. "Chaque personnage rencontre quelque chose de dark qui l’habite, des impulsions qu’on n’ose pas s’avouer", soutient la jeune comédienne Valérie Deault, qui incarne "celle qui s’impose", une femme désillusionnée par la laideur du monde.
UN FEU ROULANT
En une heure vingt minutes, le public est invité à suivre la trajectoire urbaine de 12 âmes torturées, à travers un enchaînement de 32 tableaux. "La facture est très cinématographique. On se promène d’un univers visuel à l’autre. C’est un show d’éclairage et de son", souligne Michel Monty.
C’est l’écriture à la fois réaliste et poétique de Xavier Durringer qui a séduit le metteur en scène, qui affirme avoir "scrapé" les personnages trop franchouillards et évité de rajouter des expressions typiques d’ici, choisissant plutôt des bouts de texte pouvant être joués en québécois sans trop de changements.
Michel Monty a misé sur un jeu de vérité, une démarche très bien accueillie par les jeunes comédiens. "Étant donné qu’on suit 12 histoires sans ligne dramaturgique traditionnelle, il faut des personnages attachants, vrais, précis et très humains", dit le comédien Alexandre Daneau, qui interprète Denis, un type qui erre dans les bars à la recherche d’une femme.
Les finissants de l’année 2006 du Conservatoire – qui forment le Théâtre du Linge Sale depuis le printemps 2004 – n’ont pas hésité à plonger tête première dans la réalisation d’une production en groupe autogéré. Les membres de l’équipe technique, notamment Claude Accolas à l’éclairage, ont accepté également de se lancer dans l’aventure.
Et comment la qualifier, cette aventure? "C’est un mélange d’émotions et de sensations. Des fois, c’est drôle, des fois, ça ne l’est pas. C’est comme la vie…", conclut Michel Monty.
Du 5 au 23 septembre
À la Salle Fred-Barry
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