King Dave : Visite guidée
Scène

King Dave : Visite guidée

King Dave, un monologue d’Alexandre Goyette dont Christian Fortin révèle toute l’authenticité.

King Dave, c’est d’abord un monologue écrit et interprété par Alexandre Goyette, un jeune acteur qui, grâce à deux Masques (texte original et interprétation masculine), a vu son talent révélé au grand public. King Dave, c’est aussi un spectacle réglé au quart de tour par Christian Fortin, un metteur en scène (et un auteur) sous-estimé. Heureusement, on peut dire que pour les deux créateurs, réunis sous Les Idées Flottantes: Théâtre, le vent tourne, radicalement.

King Dave effectue une percée troublante, parce que tragique et comique à la fois, dans les quartiers les plus violents de Montréal. Il s’agit du portrait brutal d’une persécution quotidienne, le témoignage plus vrai que nature d’un jeune homme entraîné par la peur dans l’engrenage de la violence. Dans un monologue qui croise les voix et les langues, un texte qui secoue formidablement le temps et l’espace, Alexandre Goyette décrit, avec une extrême sensibilité, la descente aux enfers de David Morin, un garçon tout ce qu’il y a de plus ordinaire. Ce pourrait être votre frère, votre fils, votre ami… lancé dans une recherche désespérée de lui-même. Comment croire qu’une oeuvre aussi achevée et surtout aussi authentique soit la première pièce d’un acteur qui dit n’avoir jamais eu d’aspiration à l’écriture dramatique? Avec sa truculence, ses contrastes et ses captivantes circonvolutions, la partition témoigne d’une grande maîtrise du récit, d’un précieux sens de l’observation et d’une compréhension peu courante des ressorts dramatiques. La mise en scène de Christian Fortin excelle à traduire, avec sobriété et minutie, la fatalité qui préside au destin du jeune homme.

Avec autant d’authenticité émotive et d’exactitude factuelle, avec une force d’évocation aussi exceptionnelle, le récit défile littéralement sous nos yeux. Cette prise de parole, Alexandre Goyette ne fait pas que l’endosser, il la fait sienne. Il se glisse avec agilité dans la peau d’un garçon capable de ténacité et de faiblesse, de grandeur et de petitesse, capable d’autant de colère que de vulnérabilité. Durant les quelque 75 minutes que dure le voyage, on reste constamment suspendu à ses lèvres.

Jusqu’au 2 septembre
Au Théâtre La Licorne
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