Boucar Diouf : Le grand rire black
Québécois d’origine sénégalaise, Boucar Diouf amène un humour dépaysant, frais comme un voyage aller-retour savane-banquise…
Le Québec de 2006 ne voit pas tous les jours un humoriste noir faire autant l’unanimité. Peut-être qu’on ne voit pas souvent d’humoriste noir tout court. Le spectre multiculturel, Boucar Diouf l’incarne en lui-même sur scène, et par défaut: l’humoriste a vécu 25 ans au Sénégal, puis 14 ans à… Rimouski. Sur scène, cela donne un tsunami de bons mots, à propos des moeurs québécoises jusqu’à nos étranges expressions, et des 40 °C de l’Afrique de l’Ouest jusqu’au froid hivernal du Bas-du-Fleuve.
Un Sénégalais, océanographe de formation, qui devient humoriste, ça laisse perplexe… "J’ai toujours cherché le bon côté des choses. En classe, lorsque j’enseignais, j’ai approfondi mon art en essayant de parler de biochimie avec humour. Puis, certains m’ont dit que je devrais me présenter aux auditions de Juste pour rire… et je l’ai fait. Mais après réflexion, c’était peut-être pour se débarrasser de moi…" Et il pouffe de rire, lui qui fait carrière depuis. Ses parents l’avaient poussé à l’époque à faire des études et ils étaient très fiers de ses accomplissements. Depuis, et à contre-courant, Diouf a peut-être fait le choix de sa vie: celui de faire carrière comme artiste.
Sur scène, Diouf livre un "humour propre", près du raconteur d’histoires. Un métissage de chansons, de proverbes, de contes et d’humour, qui nous rappelle que la scène humoristique au Québec est monopolisée pour une bonne part par le stand-up comique. À l’opposé, l’humoriste travaille un spectacle très inspiré des griots africains, ces artistes de père en fils qui mélangent eux-mêmes ces formes d’art sur fond de musiques rythmées. Et le charme du voyage dépayse, mais suscite l’enthousiasme.
Touchant, Diouf se fait un devoir de garder un aspect dramatique à son spectacle: "Émus, des gens se sont déjà mis à pleurer en plein spectacle. C’est arrivé par exemple lorsque je racontais les derniers moments que je passais avec mon grand-père avant de partir pour le Québec. Ce sont des thèmes universels, et c’est précisément dans ces moments qu’on se rend compte que nos différences ne tiennent pas à beaucoup de choses." Mais de manière générale, les Québécois aiment le verbe, selon les dires de Diouf. "Ils rient beaucoup, et apprécient profondément qu’on leur raconte des histoires. C’est probablement un aspect traditionnel, et c’est tant mieux…"
Cette jeune carrière n’a pas empêché l’humoriste de se pencher sur son rôle de représentation, dans une industrie essentiellement constituée de Blancs. "Tout se passe très bien jusqu’à maintenant. Cependant, tu dois continuellement faire attention pour ne pas te faire ghettoïser. Mais puisque les arts sont tous en train de se mondialiser, je ne vois pas pourquoi l’humour ferait exception."
Le 29 septembre
À la salle Maurice-O’Bready
Le 11 novembre
Au Pavillon des arts et de la culture de Coaticook
Bouillon de poulet pour la rate
Outre Boucar Diouf, plusieurs humoristes s’arrêtent chez nous cet automne.
Au temple de l’humour, le Vieux Clocher de Magog, Dominic et Martin sont de retour les 8 et 9 septembre. Christopher Hall et Pierre Verville présentent Le P’tit Gala de l’actualité le 23 septembre. Gros mois d’octobre au même endroit avec Dominic Paquet le 7, Jean-Thomas Jobin le 8, Stéphane Fallu les 13 et 14, François Massicotte le 21 et Clémence DesRochers les 26, 27, 28 octobre. Le Centre culturel accueille le coauteur des Bougon, Jean-François Mercier, les 3 et 4 novembre et Julie Caron les 8 et 9 décembre. Mike Ward est au Vieux Clocher de Sherbrooke le 23 septembre et Maxim Martin la même date au centre culturel d’East Angus. Enfin, Dominic Paquet est attendu au Pavillon des arts et de la culture de Coaticook le 30 septembre.