Les pièces québécoises : Créations de l’esprit
Les pièces québécoises de la rentrée automnale font la part belle aux créations.
VOIX FÉMININES…
Après Les Apatrides, le Théâtre I.N.K. aborde, avec humour et sensibilité, le thème de la déficience intellectuelle. Entre les murs de la Salle Jean-Claude Germain du Théâtre d’Aujourd’hui, Martin Champagne dirige La Cadette, une pièce d’Annie Ranger défendue par six comédiens, dont Marilyn Perreault. Au même endroit, Jean-Guy Legault porte à la scène L’Éblouissement du chevreuil, un nouveau texte d’Évelyne de la Chenelière où Alex rencontre des personnages réels ou surgis de son imagination. Ceux-ci le confronteront à son refus d’entrer dans la vie, à son incapacité à s’y investir.
À la Balustrade du Monument-National, Fanou Lanciault dévoile Sous le regard du héron, la toute première création de la Société N’est-ce-pas! Dans cette histoire d’amour impossible, où il est question d’acceptation et de pardon, Robert Voyer et Brigitte Hébert-Carle incarnent Louis et Fanny, les deux pôles d’un couple en rupture. Au Théâtre La Chapelle, le collectif Joe Jack et John (Ce soir l’Amérique prend son bain) crée Go Shopping [et fais le mort], une performance multidisciplinaire sur fond de critique sociale où il est question du deuil dans notre société de consommation. Catherine Bourgeois dirige Mark Barakat, Élisabeth Chouvalidzé, Jean-Pascal Fournier et Marina Lapina. Au Centre Calixa-Lavallée du Parc La Fontaine, Les Escarpins à crampons, une compagnie qui a pour mandat de promouvoir le travail artistique des femmes, produit Perles noires et feuilles de thé, une création de Catherine Sirois et Geneviève Berteau-Lord.
À ce nombre réjouissant d’écritures féminines s’ajoute celle de Fanny Britt, une jeune dramaturge qui voit cet automne deux de ses textes portés à la scène (voir encadré).
… ET MASCULINES
À La Licorne, le comédien Mathieu Gosselin assiste à la première production professionnelle d’un de ses textes. Sous la houlette de Claude Poissant, l’équipe du Théâtre de la Banquette arrière (Betty à la plage) crée La Fête sauvage, un spectacle sur la mort, l’amitié et le triomphe de l’espoir.
Auteur de plusieurs formes brèves, Frédéric Blanchette met en scène sa première "vraie" pièce. Produit par le Théâtre d’Aujourd’hui, Le Périmètre raconte la rupture d’un couple en quête d’une zone de compromis autour de ce qui reste de leur relation: leur enfant. David Boutin, Catherine-Anne Toupin et Sylvain Bélanger composent la distribution.
Au Prospero, L’Évangile selon Salomé permet à Alexandre Marine, du Théâtre Deuxième Réalité, de dépoussiérer le mythe en donnant la parole à une jeune fille que l’Histoire a diabolisée. Le rôle-titre a été confié à Marie-Ève Beaulieu, une émouvante nouvelle venue, et celui de Jean-Baptiste, à Philippe Cyr.
HORS LES MURS
Certaines compagnies osent pour notre plus grand bonheur s’aventurer hors des lieux traditionnels de représentation. Après Sept façons d’apprêter un cadavre, un vaudeville-trash présenté en 1999 dans le cadre des Douze Messes pour le début de la fin des temps, Dominique Leduc signe une deuxième création au sein du collectif Momentum: L’Ardent désir des fleurs de cacao/El ardiente deseo de las flores de cacao. Munis d’écouteurs, les spectateurs de ce parcours théâtral fantasmatique entremêlant le français et l’espagnol se déplaceront au quatrième étage d’une manufacture désaffectée de la rue Casgrain, dans le Mile End.
Cet automne, le Théâtre du Grand Jour et la compagnie ARGGL (Activité Répétitive Grandement Grandement Libératrice) investissent eux aussi des lieux qui sortent carrément de l’ordinaire (voir encadré).
RÉPERTOIRE
À l’Espace Geordie, Annie Lemarbre, du Théâtre Porte-Moi, met en scène L’Hiver de force de Réjean Ducharme, tel qu’adapté par Lorraine Pintal. Dans la Salle intime du Prospero, Stéphane Séguin, du Théâtre Aller Simple, nous fait goûter à La Chair des arbres, un collage de textes de Jacques Ferron, St-Denys Garneau, Réjean Ducharme, Yves Thériault, Émile Nelligan, Hubert Aquin, Anne Hébert et Gatien Lapointe.
À l’Espace Libre, toute l’équipe du Nouveau Théâtre Expérimental rend hommage au comédien, dramaturge, metteur en scène et pédagogue Robert Gravel, décédé il y a dix ans. Une semaine de célébrations intitulée Salut Robert! Deux pièces de Marcel Dubé sont programmées cet automne.
Au Rideau Vert, Louise Marleau fait appel à Marie-France Lambert et Catherine Renaud pour défendre sa relecture d’un drame qu’elle a joué il y a 40 ans: Au retour des oies blanches. Après Zone, les Productions Kléos s’attaquent à Florence. Jacques Rossi dirige Marie-Anne Alepin et sept autres comédiens sur la scène du Théâtre Denise-Pelletier.
CIRQUE, MUSIQUE ET TEMPS DES FÊTES
Les 7 doigts de la main dévoilent enfin leur nouvelle production: Traces. Présenté dans l’enceinte de la Tohu, le spectacle convie les arts du cirque, la danse, le théâtre, la musique, la peinture, l’écriture et la photographie. Au MAI, Lynne Cooper marie l’art du clown, le théâtre et les projections vidéo dans Sunk in the Trunk, l’extraordinaire démêlé d’un clown avec l’immigration, une comédie tragique écrite avec des onomatopées.
À la Maison de la culture Maisonneuve, Marc Drouin (Pied de poule) offre une nouvelle vie à Muguette Nucléaire, un théâtre musical créé avec Robert Léger en 1981. La distribution – Pascale Montreuil, Maxime Desbiens-Tremblay, Kevin Houle et Fred-Éric Salvail – laisse présager le meilleur. Au Bistro Les Minots (3812, boulevard Saint-Laurent), La Compagniterie reprend Voler si bas, un cabaret de théâtre musical où un artiste schizophrène se voit dépossédé de son ultime moteur créatif: ses angoisses.
Puis, en décembre, Les Contes urbains du Théâtre Urbi et Orbi sont de retour à La Licorne. Cette année, les auteurs invités viendront du milieu de la chanson (on a laissé échapper les noms d’Urbain Desbois et de Pierre Flynn). Au Rideau Vert, Joël Legendre orchestre pour sa part 2006 revue et corrigée, une soirée d’humour et de chansons qui est en voie de devenir une tradition.