Rentrée Danse : À la carte
Scène

Rentrée Danse : À la carte

En danse, le calendrier automne-hiver est chargé de propositions pour satisfaire tous les goûts et toutes les bourses. Petit guide pour vous aider à faire vos choix.

LA TOUTE PREMIÈRE FOIS

La danse contemporaine est une mosaïque d’univers si variés que la meilleure façon de s’initier est de multiplier les expériences pour tester ses goûts et forger son jugement. Avec son passeport à 25 $ pour cinq spectacles, Transatlantique Montréal 2006 est une véritable aubaine pour le néophyte. Organisé en septembre, l’événement propose une version remaniée d’ANGELs, de Ginette Laurin, deux oeuvres de la Saguenéenne Marie-Josée Paradis, un solo signé Louise Bédard, un programme triple du Jeune Ballet du Québec jumelé à l’École nationale du cirque, la découverte d’un chorégraphe japonais et des mamans qui dansent avec leurs bébés.

Les maisons de la culture et leurs spectacles gratuits sont aussi une voie royale pour découvrir la danse, de même que les créations pour jeune public, généralement faciles d’accès et amusantes. La pièce pour ados de Marie Béland, Twis Manivelle, est justement au programme de deux maisons de la culture, tandis que l’Agora présente des fables de La Fontaine chorégraphiées, et que le festival Les Coups de théâtre met l’accent sur la danse avec, entre autres, l’excellent Chut!! d’Hélène Langevin, une nouvelle création d’Hélène Blackburn sur l’amour, et une pièce de Martin Bélanger pour Montréal Danse sur… les toutes premières fois.

Enfin, les oeuvres théâtralisées d’artistes de la relève telles que Séverine Lombardo, Karina Iraola ou les b-girls de Solid State – qui se produiront toutes à Tangente – sont également de bonnes entrées en matière.

AUTRES CRÉATEURS DU CRU

Apprécier la danse, c’est aussi suivre le parcours d’artistes, de compagnies, et évoluer avec eux. Plusieurs reprises ou remix permettront de voir ou de revoir des spectacles qui ont marqué l’histoire récente de la danse montréalaise. Roger Sinha revient sur scène avec l’adaptation d’une oeuvre créée en 1996, et Daniel Léveillé – dont des extraits du répertoire seront dansés en décembre par les étudiants de l’UQAM – expose à nouveau la nudité extrême de La Pudeur des icebergs. Les deux pièces sont présentées à l’Agora avec d’excellents interprètes, tandis que Danse-Cité en invite un de taille, Ken Roy, à réinvestir les solos que trois chorégraphes québécoises avaient créés pour lui sur la musique de Chopin. Parmi les succès annoncés de l’automne, Anatomies, la nouvelle création de José Navas, est particulièrement attendue. À surveiller également, la création que Deborah Dunn livrera en octobre à l’occasion d’un Vernissage-danse du Studio 303: une oeuvre personnalisée pour la gagnante d’une loterie organisée par l’extravagante chorégraphe.

VENUS D’AILLEURS

Danse Danse nous gâte avec quatre compagnies de très haut calibre: les Japonais de Sankai Juku, pour l’élévation de l’âme avec la danse butô; les Vancouvérois de Wen Wei Dance, pour le bonheur esthétique d’un spectacle total; les 12 Français du Ballet Preljocaj, pour leur folie et leur vitalité; et les non moins attendus Britanniques de la Russell Maliphant Company, pour la singularité d’une danse très métissée. Le Royal Winnipeg Ballet nous revient quant à lui avec un Messie modernisé par le chorégraphe argentin Mauricio Wainrot (ex-Montréalais) sur une musique interprétée en direct.

Les Grands Ballets Canadiens de Montréal reprennent pour leur part le magnifique Roméo et Juliette du Français Jean-Christophe Maillot, qui dépoussière très efficacement ce drame shakespearien en dégageant la psychologie des personnages dans une chorégraphie qualifiée de postclassique. Venus d’Europe, les Ballets C. de la B., une des figures de proue de la danse contemporaine belge, reviennent avec le haute-contre étonnant qui nous avait séduits dans Bâche. Ils nous offrent la première nord-américaine d’Import/Export, où six danseurs partagent la scène avec le chanteur et quatre musiciens.

LES CHEMINS DE TRAVERSE

De plus en plus, la danse contemporaine devient multi-, inter- ou même transdisciplinaire. L’ère est à l’éclatement des frontières entre les arts, à l’intégration des nouvelles technologies et à la transformation du rapport avec le public. Pour une troisième année, la compagnie O Vertigo nous invite à visiter ses laboratoires de création en commençant la saison avec le sculpteur de lumière allemand Pipon. Fin septembre, Lynda Gaudreau lance la première phase du projet Clash où des chorégraphes en résidence à Tangente défrichent de nouvelles voies de création. Après deux semaines de travail, ils ouvrent leur studio gratuitement pour recueillir les réactions du public.

Début octobre, Martin Kush et Marie-Claude Poulin, de Kondition Pluriel, nous convient à pénétrer l’espace d’une installation sonore, visuelle et physique où deux danseurs équipés de senseurs interagissent avec les sons et les images qu’ils génèrent. Paul-André Fortier, lui, poursuit sa folle expérience de 30 minutes de solo pendant 30 jours consécutifs in situ. Après Newcastle, Yamaguchi, Nancy et Ottawa, il danse rue Sainte-Catherine et clôt l’aventure en beauté avec un solo de 60 minutes conçu au Japon et présenté en salle.

À Tangente, lieu de toutes les expérimentations, la série Elektro_poetiks fait la part belle aux médias électroniques et Alliage entre les langages donne carte blanche à Chantal Lamirande pour établir un dialogue entre danse et lumière, et à Josée Gagnon pour poursuivre son travail sur la voix. Elle livre une chorégraphie vocale pour deux danseuses et trois chanteuses tandis que Pamela Newel, elle, passe par l’écrivaine féministe Susan Sontag pour reconsidérer le rapport chorégraphe-interprète, autre questionnement dans l’air du temps.

S’inspirant de la peintre Betty Goodwin, Marie-Josée Chartier s’entoure d’une équipe multidisciplinaire pour créer un Bas-relief à découvrir à l’Usine C. Enfin, les amateurs de contact-improvisation ne manqueront pas la rencontre d’Andrew de Lotbinière Harwood avec l’Américain Ray Chung.

On peut aussi fouiner pour apprendre à mieux connaître de jeunes créateurs comme l’Autochtone Gaëtan Gingras ou découvrir les talents de demain avec les Danses buissonnières de Tangente, le laboratoire-galerie de La Passerelle 840 ou le spectacle de LADMMI. Le mieux, c’est de garder un oeil sur le calendrier des spectacles…