Cabaret U-Mano : Formes de vie
Avec Cabaret U-Mano, le trio de Soma international présente une deuxième oeuvre "marionnettique" foisonnante et enchanteresse.
La compagnie Soma international voyait le jour en 1999. Fondée par le trio parfaitement constitué d’Énock Turcotte, qui s’occupe principalement des chorégraphies et de l’aspect visuel des spectacles, de Serge Deslauriers, le créateur des marionnettes, ainsi que de Raynald Michaud, directeur artistique, elle se consacre à des productions principalement axées sur la marionnette pour adultes.
Après le succès triomphant de sa première création, Cabaret Décadanse – qui les a amenés à se produire de par le monde -, les trois créateurs s’apprêtent maintenant à larguer leur deuxième bombe de folies absurdes ludico-comiques livrées par des marionnettes déjantées dans Cabaret U-Mano! "C’est d’abord et avant tout un spectacle basé sur le mouvement, dit Raynald Michaud. On se situe quelque part entre la marionnette traditionnelle comme le bunraku [méthode japonaise], à cause des techniques de manipulation qu’on utilise, et la danse, puisque tout est vraiment chorégraphié au quart de tour."
Pour ce second effort, la troupe s’est élargie, passant de 3 à 10 personnes sur scène – dont 6 issues du milieu de la danse -, et de 9 à 29 marionnettes. Cabaret U-Mano marque ainsi le retour de certains personnages – Kiko le latin lover, Lorraine la diva et Conrad le travesti -, mais aussi l’arrivée de nouvelles étoiles telles que Mauve la starlette, Siba, Frenchfraü et les Anglaises Jazz & Java. "Elles sont comme des archétypes de stars. On leur prête une biographie qui est collée à ce qu’elles dégagent, et ça nourrit la gestuelle, le caractère du personnage. On a donc fait un petit profil psychologique pour nourrir les manipulateurs, mais tout ça avec le sourire, on ne se prend pas au sérieux, on n’est pas en train de faire de thérapie de groupe, de dire: "La puppet doit réagir comme ça…"! (rires) En tout cas, elles ne se plaignent pas du tout", plaisante le metteur en scène.
Fidèle à la technique utilisée dans le premier spectacle, U-Mano maintient les manipulateurs au centre de l’action, les faisant interagir avec les personnages. "L’expérience a démontré que si le marionnettiste est en état de jeu et bien "focussé", au lieu de déranger l’action, il amplifie l’émotion. C’est vraiment un choix artistique que l’on continue d’explorer. Il y a quand même quelques numéros où on a besoin de l’absence totale pour la magie du mouvement, mais majoritairement, les marionnettistes sont à vue."
Autre aspect majeur de la production: la musique, bien entendu, puisque le spectacle est présenté sous l’appellation "revue musicale". Ainsi, les grands classiques du pop et du jazz sont réinterprétés "sauce puppet", parfois en lip-sync ou encore en accompagnement d’un numéro acrobatique, comme le main à main. "On veut dépasser la performance humaine avec nos marionnettes, d’où leur intérêt; si un humain est capable de faire un tel numéro, il n’y a pas de raison de mettre une marionnette là! Il y a certainement un côté dessin animé aussi dans notre affaire…" esquisse M. Michaud, qui ne cache pas son admiration pour un certain Tim Burton et qui rêve d’un jour amener ses marionnettes au cinéma. "Ça fait longtemps que la marionnette est un peu oubliée, depuis l’arrivée des techniques d’animation virtuelle… On reste intéressés par la marionnette. Le virtuel manque de profondeur, de relief. Lui [Burton] travaille avec les deux, c’est magnifique ce qu’il fait. Donc, c’est plus à l’état de rêve pour l’instant qu’à l’état de projet concret, mais qui sait où la vie nous portera?"
Du 14 au 16 septembre
Au Cabaret du Casino de Montréal
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