Le roi se meurt : Jusqu'à la dernière poussière
Scène

Le roi se meurt : Jusqu’à la dernière poussière

C’est avec Le roi se meurt, une oeuvre absurde d’Eugène Ionesco, que le Théâtre des gens de la place démarre sa nouvelle saison. Entretien avec Luc Archambault, le metteur en scène.

Alors que la vitrine du café boit tout le soleil possible, Luc Archambault feuillette le journal du matin. Au premier contact, l’homme paraît ne faire qu’un avec la lumière du jour, puis, on aperçoit le petit nuage qui flotte dans ses yeux. Un nuage de déception… Comme metteur en scène de la pièce Le roi se meurt, le membre du TGP a dû faire le deuil de certains rêves. La veille de l’entrevue, trois jours avant la première, il mettait encore une croix sur un élément scénique qui lui tenait à coeur – il aurait aimé que les comédiens jouent sur une scène inclinée. Si l’oeuvre n’a pas le fini imaginé, elle aura au moins le mérite de l’avoir porté vers des lieux insoupçonnés et vers un équilibre. "Les rêves s’ajustent à la réalité, admet-il. Le roi se meurt, c’est aussi laisser les rêves mourir…"

Tricoté à partir des fils de l’absurde, Le roi se meurt se veut une réflexion sur la mort. Le discours s’articule autour du roi Béranger 1er (Martin Bergeron) qui, dès les premières minutes de la pièce, apprend qu’il s’éteindra à la fin de celle-ci. Ainsi, le noble qui avait toujours connu l’abondance et la prospérité voit son royaume rétrécir peu à peu. Tout s’écroule; l’infini se précise. "Je compare le personnage de Béranger 1er à nos soixante-huitards, tu sais, la génération des baby-boomers qui sont arrivés où il y avait un monde établi, un monde qu’ils ont rejeté. Ici, ça s’est fait avec le Refus global, ailleurs, ça a été les grandes manifestations étudiantes. Ils se sont créé un monde à eux, un monde avec des petites imperfections bien sûr", explique le metteur en scène. "Le roi est un peu issu de cette pensée-là. Au moment où il arrive, tout va bien. Il est au courant qu’il commence à y avoir des trous dans son royaume, que telle chose n’existe plus, que le chauffage ne fonctionne plus… Il prend ça à la légère. Ça ne le touche pas." Jusqu’au jour où l’ombre de la faucheuse se met à poindre.

Selon Archambault, Le roi se meurt, qui porte un regard cru sur la société tout en jouant sur les pôles de l’humour, est l’une des pièces les plus achevées d’Ionesco. C’est entre autres pour cette raison qu’il a eu envie de la monter. "C’est une pièce qui a beaucoup de références à des choses intemporelles, mais qui est très humaine. Donc ça transcende les époques. On la jouerait dans 100 ans, ça serait encore bon, parce qu’il n’y a pas de référence au temps ou à peine." Au fait, que retient-il de cette oeuvre? "La mort est un passage. Il faut passer par là. D’autres viendront après…" conclut-il.

Les 14, 15, 16 et 21, 22, 23 septembre
À la Salle Anaïs-Allard-Rousseau
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