Simon Boudreault : Tragédie personnelle
Simon Boudreault signe l’acte de naissance de Simoniaques Théâtre avec Andromak, une plongée dans la langue forte et imagée de Racine.
Au cours des prochains mois, le comédien, auteur et metteur en scène Simon Boudreault prendra part à trois projets des plus enthousiasmants: Les Grandes Soirées improductives, des spectacles d’improvisation extrême présentés au Cabaret Juste pour rire, Assoiffés, la neuvième création du Théâtre Le Clou, et Une nuit arabe, une pièce dirigée par Theodor Cristian Popescu au Théâtre de Quat’Sous. D’ici là, le directeur artistique de Simoniaques Théâtre concentre ses énergies sur Andromak, le fruit d’un long travail sur la plus connue des tragédies raciniennes.
Créée en 1667, Andromaque est considérée comme la première grande tragédie de Racine. L’action, située après la guerre de Troie, repose sur une chaîne amoureuse à sens unique: Oreste (Louis-Olivier Mauffette) aime Hermione (Marie-Ève Pelletier), qui veut plaire à Pyrrhus (Jean Maheux), qui aime Andromaque (Élisabeth Lenormand), qui ne pense qu’à son défunt époux Hector et à son fils Astyanax. L’arrivée d’Oreste à la cour de Pyrrhus va mettre en branle la roue du destin.
Après la musique, l’improvisation et la marionnette, le théâtre d’été, de répertoire, jeune public et contemporain, il ne restait plus à Simon Boudreault qu’à donner dans la tragédie en vers: "J’ai toujours adoré la tragédie, la langue, la poésie… mais j’ai toujours trouvé ça très dur à monter. C’est un défi que je n’aurais pas osé aborder en sortant de l’école. Tandis que la comédie, je trouvais ça plus facile." Mais qu’est-ce qui a bien pu décider un expert du comique à s’aventurer dans le registre tragique? "Quand je lis les tragédies, j’adore ça, et quand j’en vois, en général, je trouve ça plate. Avec Andromak, j’essaie de monter la tragédie aujourd’hui, de la rendre vivante, proche des gens."
Pour y arriver, le metteur en scène n’a pas hésité à revoir la structure de la tragédie racinienne: "Racine s’adressait à son époque, il tenait pour acquis que son public connaissait l’histoire et les mythes. C’est pourquoi j’ai décidé de combler les non-dits, notamment en créant un prologue et en évoquant la guerre de Troie. Ce que je veux, c’est que le spectateur puisse se mettre à la place des quatre personnages, comprendre leurs motivations, réaliser qu’aucun des protagonistes n’a pleinement raison ou pleinement tort." La partition a donc été remaniée en profondeur. On a retranché de nombreuses scènes et on en a puisé d’autres chez Homère, Euripide, Virgile et Shakespeare. On a aussi ajouté un narrateur (Pierre Limoges), en plus de miser sur les masques (Louise Lapointe) et la musique en direct (Francis Rossignol et David Paquin). Simon Boudreault, qui a pourtant cosigné des textes avec Jean-Guy Legault et écrit pour le Théâtre de l’OEil, considère un peu cette adaptation comme sa première pièce: "C’est tellement personnel comme relecture que j’ai l’impression de l’avoir écrite. J’ai le sentiment de m’y commettre comme auteur."
Du 20 septembre au 7 octobre
Au Théâtre La Chapelle
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