Sylvio-Manuel Arriola : Les idéalistes
Scène

Sylvio-Manuel Arriola : Les idéalistes

Sylvio-Manuel Arriola nous parle de la création Les Grenouilles et les Parapluies Idées corps et voix en quête d’une fête révolutionnaire Antigone comme spectacle sans fin. Collectif.

Spectacle ambitieux, Les Grenouilles et les Parapluies… se présente comme "un voyage à travers l’histoire de l’humanité, l’espace et le temps, le rêve", commence Sylvio-Manuel Arriola, un de ses créateurs. "Donc, il n’y a pas de trame linéaire, mais plusieurs fragments qui naissent et meurent, viennent s’entrecroiser, s’entrechoquer. En fait, c’est une mosaïque humaine, un labyrinthe dans lequel on évolue et où il y a des obstacles, des intempéries, des monstres qu’on doit combattre, des portes qui nous amènent vers un trou noir, le néant, le suicide, et d’autres, vers la résurrection, la lumière. Des centaines de personnages vont parler à travers nous, prendre forme sous vos yeux." Créée au gré d’improvisations sur des thèmes, des symboles liés à Antigone et à la mythologie, cette pièce, qui fait suite à deux laboratoires publics (Barbarusse et Fragile), se veut par ailleurs résolument engagée. "On a pris l’esprit rebelle d’Antigone, sa soif de justice et, avec ça, on a décidé de critiquer notre société québécoise, notre culture nord-américaine, l’humanité entière, explique-t-il. Concrètement, les spectateurs vont être dans le décor avec nous, parce que c’est une fête populaire qu’on propose, pour célébrer l’humanité, avec ses côtés plus sombres et plus lumineux. Nous, on met de l’avant un projet collectif. Et on veut réfléchir avec les gens, partager avec eux les raisons d’espérer un monde meilleur."

À cet effet, ils ont notamment dû remettre en question la façon traditionnelle de faire du théâtre. "On utilise l’esthétique que nous impose notre société complexe, avec Internet, le zapping, etc., c’est-à-dire celle du chaos, où plein de choses se produisent en même temps", observe le comédien, avant d’ajouter que les interventions prennent toutes la forme de monologues, un procédé exprimant bien l’idée de solitude. "Ça a rapport à l’Antiquité, mais en même temps, c’est super actuel, parce qu’on est tous dans nos bulles, devant notre ordinateur, note-t-il. C’est un peu ça, aussi, qu’on critique." Cela dit, la volonté de contrer l’ennui qui pourrait s’ensuivre pousse les comédiens à déployer des trésors d’énergie, au gré d’un jeu très physique. D’ailleurs, il remarque que leur prestation tient de la performance, alors que leurs rôles nient toute psychologie, en plus d’exiger une part d’improvisation. "Ce sont des acteurs qui prennent des formes d’êtres, pas des personnages, précise-t-il. C’est toujours nous; on est des performeurs poétiques." Autant dire qu’il s’agit d’un théâtre expérimental, qui risque, bien volontairement, d’en déstabiliser plus d’un. "Ce qu’on propose aux spectateurs, c’est un voyage inhabituel, qui demande une espèce de lâcher-prise, résume-t-il. C’est comme pour une oeuvre d’art visuel, il y a un degré d’abstraction. Ça ne fait pas appel qu’à la raison, il y a plein d’autres manières de le comprendre. Et c’est le spectateur qui construit l’histoire dans sa tête." Un pari audacieux dans l’optique d’une fête populaire. Cela, plus la vastitude et la complexité du propos, l’éclatement de la forme, le défi du jeu; décidément, cette troupe de jeunes artistes ne craint aucune utopie.

Du 12 au 30 septembre à 20h
À Premier Acte
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